Publié le 17 Avril 2024

Le Rire des autres

Anna, fraîchement diplômée en philosophie, n'a ni contrat doctoral ni vocation d'enseignante. Le jour où une conseillère de Pôle emploi lui annonce que ses études de philosophie ne valent rien sur le marché du travail, elle accepte un emploi alimentaire, payé le Smic, sur le plateau d'une émission de télévision. Ce boulot est inintéressant et à l'opposé des valeurs de la jeune femme : "La philo nous avait appris à mépriser les biens matériels". Mais, toute à sa joie de vivre son amour avec son récent petit ami Charles-Lucien, dit Lulu, elle s'accroche en espérant obtenir un CDI. Un jour, Lulu, à qui elle vient de proposer d'emménager dans son petit appartement, se met à vomir des billets de 20 euros. Dès lors, tout change. Pendant qu'il expulse à une cadence soutenue de quoi lui acheter des sacs de luxe et un appartement à moulures, Anna s'interroge : doit-elle s'alarmer pour la santé de Lulu ? Comment s'assurer que ce précieux flux ne tarisse jamais ?

 

De la modeste banlieue parisienne à la pluvieuse ville de Dublin en passant par Tahiti, les deux inséparables, à l'image de leurs oiseaux au vif plumage, vont vivre d'amour et d'eau fraîche avant d'expérimenter une relation contrariée par la "maladie" de Lulu. Il est évidemment beaucoup question d'argent : de celui qui se vomit, de celui qui manque et de ce qu'on fait de celui qui abonde. L'importance de l'apparence dans notre société est également présente à travers l'émission de télé pour laquelle travaille Anna (tri du public selon le physique, narcissisme de l'animateur vedette, mensonge de sa collègue Sandrine sur sa situation de femme battue...) ou lors du voyage à Tahiti (alimentation du compte Instagram, remarque sur la tenue vestimentaire de Lulu, discussion sur la chirurgie esthétique...). Les références à la pièce de théâtre En attendant Godot de Samuel Beckett (noms des oiseaux, ville de Dublin...) soulignent l'absurdité de la situation et de l'élément fantastique qui surgit dans le récit. Elle laisse à penser que le thème du roman est aussi l'impuissance : les contradictions dans lesquelles sont prises les jeunes gens aujourd'hui, l'attente d'une vie meilleure, la fatuité. On peut aussi penser à l'Écume des jours de Boris Vian : la référence à la philosophie, à la maladie absurde (le nénuphar qui se développe dans le poumon de Chloé versus l'argent qui "sort" du corps de Lulu), à la question de l'émancipation par le travail et l'argent. Après un temps de réflexion suite à ma lecture, et malgré une fin un peu plate, je me dis que j'ai aimé l'écriture et les idées en germe dans ce récit. C'est à la fois un conte et une satire sociale. Une réflexion conduite de manière originale sur l'amour, l'argent et surtout la vanité de l'existence.

 

C'est Descartes qui entre dans un bar. Le gars derrière le comptoir lui lance : "Vous prendrez bien quelque chose ?" Il répond : "Je ne pense pas", et là, il disparaît.

La rue avait changé de texture. Les façades d'immeubles paraissaient confortables, j'avais envie de m'y adosser. Le sol n'exhalait plus la chaleur emmagasinée la veille. Finis, le goudron fumant et le plastique des semelles qui colle un peu.

On est arrivés à l'aéroport de Faaa après dix-huit heures de vol. Notre baptême de l'air à tous les deux. En première classe, bien sûr. Sièges en forme de cocon, de la taille d'un lit, totalement inclinables, avec menu gastronomique. Moi, je connaissais les cocktails classiques, ceux qui font du bien à la tête mais donnent des aigreurs d'estomac. Effet détartrant puissant, comme le Sex on the Beach trop amer à cause du pamplemousse. Là, c'était un autre niveau. A commencer par le barman qui, ici, s'appelait un mixologue. On a appris un nouveau mot. Il pressait lui-même les fruits pour des créations originales qu'il composait à partir de notre prénom et de notre signe astrologique. Un délice. Le nec plus ultra de la personnalisation.

Il faisait encore nuit sur le parking. Les cigarettes allumées semblaient figées dans l'espace, dessinant de petites étoiles. Constellation du pauvre. Les portes du bus se sont enfin ouvertes. Bien vite, j'ai remarqué que la plupart des passagers avaient opté pour la même technique que moi. Des couches et des couches de vêtements qu'ils renonçaient à retirer car, à un moment, il faudrait les remettre. Ca tirait sur les cols roulés, visages suintants. Les bras engoncés rendaient tout mouvement difficile., hasardeux et maladroit. Le trajet s'annonçait étouffant. Des haut-parleurs diffusaient de vieux tubes. Le conducteur fredonnait Lovemepleaselooooveme et peinait dans les aigus. Derrière moi, un adolescent regardait une sitcom sans écouteurs. [...]

[...] Une famille mangeait des sandwichs triangles. J'ai essuyé la vitre avec ma manche pour avoir une lucarne bien nette et je me suis mise à compter les voitures vertes. A cette heure matinale, il y en avait peu. Je me suis laissé bercer par le ronronnement du véhicule et mes paupières se sont closes. Soudain, un Espagnol a crié quelque chose en espagnol : nous étions arrivés à l'aéroport.

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

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Publié le 12 Avril 2024

Un décrochage préoccupant

Le centre national du livre (CNL) vient de rendre public les résultats de son étude "Les jeunes Français et la lecture" confiée à Ipsos afin de mesurer et comprendre les pratiques, les leviers et les freins en matière de lecture chez les 7-19 ans.

 

Voici les principaux éléments à retenir :

  • 1 jeune de 16-19 ans sur 3 ne lit pas du tout dans le cadre de ses loisirs.
  • Quotidiennement, les jeunes passent 10 fois plus de temps sur les écrans qu’à lire des livres.
  • Quand ils lisent pour leurs loisirs, les jeunes se tournent prioritairement vers les BD et les mangas.
  • Près de la moitié des jeunes a désormais déjà lu un livre numérique, majoritairement sur smartphone.
  • Malgré les valeurs fortes associées à la lecture, plus d’1 jeune sur 3 préfère faire autre chose de son temps libre.

 

J'ajoute trois éléments qui m'interpellent plus particulièrement :

  • 69 % des lecteurs de 16-19 ans font autre chose en même temps qu'ils lisent (envoyer des messages, regarder des vidéos, aller sur les réseaux sociaux...). Près d'un jeune (de 7-19 ans) sur deux.
  • Pour leurs loisirs, les filles sont en passe de lire autant de BD (51 %) que de romans (52 %). C'est déjà le cas des garçons, friands de BD et mangas.
  • Parmi les romans lus, 40 % relèvent de la dark romance !

Les résultats de cette étude sont préoccupants. Ils viennent renforcer ma conviction que la place laissée aux écrans dans notre vie quotidienne a de réelles conséquences sur la lecture, en particulier chez les jeunes. Je considère que la lecture est une affaire de santé publique. Il faudrait une prise de conscience massive pour mettre en exergue les bienfaits de la lecture chez les enfants, notamment en matière de concentration, d’imagination, d’empathie, de développement du langage et du cerveau, etc.

Régine Hatchondo, la présidente du CNL

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je veille

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Publié le 11 Avril 2024

La police des fleurs, des arbres et des forêts

Romain Puértolas nous promet un roman policier avec "une fin dont vous vous souviendrez longtemps". Et je peux vous dire qu'il tient totalement sa promesse ! Le lecteur est embarqué en juillet 1961 dans un petit village perdu du nom de P. qui se trouve tout récemment coupé du monde suite à un violent orage. Les lignes téléphoniques étant coupées, l'officier de police "de la grande ville" chargé de l'affaire doit rendre compte à Madame la procureur de l'avancée de son enquête par le biais de lettres. On se lance donc à la fois dans un roman épistolaire et une enquête policière. Il s'agit de faire la lumière sur les circonstances du meurtre de Joël, 16 ans, dont le corps a été retrouvé en morceaux dans des sacs en papier des Galeries Lafayette, dans une cuve de l'usine de confiture appartenant à Monsieur le maire. Pour cela, l'officier peut plus ou moins compter sur son magnétophone dernier-cri, la bonhomie du garde-champêtre et l'unique médecin-vétérinaire-légiste du village. Au fil de ses investigations, le policier s'entretient notamment avec Félicien, chez qui vivait Joël, la voisine, la fleuriste, le maire. Un élément l'intrigue : une variété de fleurs peu commune retrouvée avec les morceaux du corps.

 

Se plonger dans les années 60 a été délicieux. Ce polar bucolique, avec un jeune "inspecteur" qui débarque à la campagne, est complètement cocasse. Les propos tenus dans les lettres sont savoureux car l'officier ne peut s'empêcher de faire part à sa supérieure de ses observations, avisées de commentaires personnels. Il retranscrit également les enregistrements effectués sur bandes magnétiques en les contextualisant. C'est insolite, bien écrit, rythmé et réjouissant. Et, en plus de cette intrigue bien écrite et bien menée, la fin est ÉPOUSTOUFLANTE ! Elle mérite que, pour ménager son effet, je n'en dise pas plus.

 

 

Bénie soit madame la Procureur de la République (vous voilà sanctifiée !) pour avoir envoyé aussi vite un inspecteur de police de la grande ville ! s’exclame le garde champêtre chef Jean-Charles Provincio, les mains crispées sur le volant. On n'a pas l’habitude de ce genre d’horreurs. Ici, c’est plutôt la police des fleurs, des arbres et des forêts, si vous voyez ce que je veux dire. Les braconniers, les querelles entre paysans pour un centimètre de terre, les incendies provoqués par des pique-niqueurs insouciants. C’est bien la première fois de ma carrière que je vois une atrocité pareille. D’ailleurs, en y pensant bien, y a jamais eu de crime à P., que des morts naturelles, quelques suicides à la rigueur. [...]

[...] Pour notre premier meurtre, on n’a pas fait dans la demi-mesure. J’imagine que ça doit être votre pain quotidien, inspecteur.

Ne vous inquiétez pas, les ouvriers des Postes et Télégraphes (P & T) sont à la tâche et la communication devrait être rétablie en fin de semaine. Mais avouez qu'il y a un certain charme à retrouver le plaisir d'une bonne lecture, d'une conversation entretenue au rythme du courrier et un peu de lenteur dans ce monde au tempo effréné.

Tout comme il y a un garde champêtre, il y a un restaurant. À P., tout existe à l’unité. Le boucher, le facteur, le médecin. Cela me rappelle les comptines de mon enfance, récits allégoriques d’antan, ou un personnage, la boulangère locale, par exemple, représentait par extension toutes les boulangères du monde.

Je ne dois pas me laisser charmer par une suspecte.
Mais comment faire ?
Elle est la plus belle fleur de sa boutique, c’est indéniable.
Et, telle une abeille, me voilà maintenant prisonnier de ses sucs…

J'aime relire les livres. On y trouve toujours un détail que l'on n'avait pas remarqué la première fois. C'est peut-être parce que l'on se focalise trop sur quelque chose, que l'on se met des œillères et que l'on ne voit plus le reste, qu'on ne discerne plus que ce qui nous intéresse. Une enquête, c'est un peu pareil.

Rédigé par Nota Bene

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Publié le 9 Avril 2024

Les lectures naturelles

Suite à mon compte-rendu de lecture de l’essai de Céline Alvarez Les lois naturelles de l'enfantvoici une présentation de sa collection de livres pour jeunes enfants : Les lectures naturelles. Entre méthode Montessori, appuis neuroscientifiques et bienveillance, voici comment Céline Alvarez nous aide à faire entrer les enfants dans la lecture dès la maternelle.

 

 

 

 

 

Ma petite puce venant de fêter ses 5 ans et étant assez à l'aise avec le langage oral et l'écrit (la reconnaissance et l'écriture des lettres), je me suis intéressée aux livres proposés par Céline Alvarez pour "entrer dans la lecture dès la maternelle". Le pré-requis est de (re)connaître les lettres par leurs sons, et non pas forcément par leur nom. Par exemple, savoir que le M qui s'appelle "aime" fait en réalité le son "mmm".

 

En ajoutant au répertoire des enfants les principaux digrammes français (groupes de deux lettres représentant un seul son, comme CH dans "chat" ou IN dans "matin"), ils possèdent un bagage linguistique suffisant pour commencer à composer des mots simples puis pour commencer à en lire. Ainsi, à partir des conseils de Céline Alvarez listés ci-dessous et après quelques séances (toujours courtes et ludiques, jamais imposées) d'exercices (avec des lettres imprimées et plastifiées par mes soins), nous nous sommes lancées dans la lecture d'un des livres de la collection Les lectures naturelles.

 

 

 

 

 

Tous ces livres se présentent de la même façon : une très grande illustration sur double-page immerge le petit lecteur dans une scène introduite par une phrase courte (par exemple "La course démarre."). Cette scène peut être ponctuée d'onomatopées pour un premier niveau de lecture très simple et de bulles qui font parler les personnages. Tout est écrit en lettres capitales pour faciliter la reconnaissance. Les lettres muettes sont grisées afin de simplifier le décryptage. Les digrammes sont signalés en vert. C'est très bien pensé et encourageant pour les enfants. Seul bémol : ma fille a tendance à tenter de deviner certains mots au lieu de les lire (connaissant les personnages du livre, en voyant un L elle tente sa chance et dit le mot "lièvre" alors que ce n'est pas celui-ci, par exemple). J'ai trouvé judicieux que soit ajoutée à la fin du livre l'intégralité de la fable de Jean de La Fontaine ici adaptée.

 

La collection se compose d'imagiers accessibles dès trois ans (avec du vocabulaire précis pour éviter que l'enfant ne devine au lieu de lire), de contes ou fables de "niveau 1" comme le livre présenté ici puis d'albums de "niveau 2". Dans ces derniers, la taille de la police est légèrement réduite, les digrammes ne sont plus signalés en vert, certains nouveaux digrammes font leur apparition (ER et EN par exemple) et on introduit des mots-outils comme EST, ET ou UN. On s'approche des collections plus classiques de premières lectures de niveau CP. Il existe par ailleurs un coffret de lettres magnétiques pour apprendre les sons des lettres et des digrammes ainsi qu'un cahier d'activités avec des jeux, des autocollants et des coloriages.

 

Les lectures naturelles
Les lectures naturelles

Pour revenir sur l'apprentissage de la lecture, retenons que la partie du cerveau dédiée à la reconnaissance de l'alphabet n'est pas génétiquement prévue et qu'elle se développe dans la zone initialement prévue à la reconnaissance des visages et des objets. C'est pour cela qu'un profil gauche est associé à un profil droit... et qu'une confusion peut intervenir (pic de confusion vers 5-6 ans) entre des lettres miroirs comme le p et le q minuscules par exemple. C'est tout à fait normal mais à accompagner. Voici, en résumé, les principes d'apprentissage de la lecture préconisés par Céline Alvarez :

 

  • 𝑫𝒐𝒏𝒏𝒆𝒓 𝒆𝒙𝒑𝒍𝒊𝒄𝒊𝒕𝒆𝒎𝒆𝒏𝒕 𝒍𝒆 𝒄𝒐𝒅𝒆 𝒂𝒍𝒑𝒉𝒂𝒃𝒆́𝒕𝒊𝒒𝒖𝒆 aux enfants (c'est-à-dire le son des lettres) sans détour par le décompte des syllabes qui n'est pas franchement utile, voire qui peut gêner certains enfants. Le faire lettre par lettre puis à partir de mots simples mais aux sons variés, notamment au niveau du phonème d'attaque puis du phonème final. Associer éventuellement le geste au son (par exemple : mettre les doigts sur sa gorge pour indiquer que le son g se forme dans cette zone).
  • 𝑫𝒐𝒏𝒏𝒆𝒓 𝒍𝒆𝒔 𝒈𝒓𝒂𝒑𝒉𝒊𝒆𝒔 𝒅𝒆𝒔 𝒍𝒆𝒕𝒕𝒓𝒆𝒔 𝒆𝒏 𝒄𝒂𝒑𝒊𝒕𝒂𝒍𝒆𝒔 𝒅'𝒊𝒎𝒑𝒓𝒊𝒎𝒆𝒓𝒊𝒆 pour éviter les confusions de lettres miroirs et pour capter l'attention des enfants, car ils sont plus confrontés à des capitales dans leur vie quotidienne (panneaux indicateurs, emballages, boîtes de jeux, devantures de magasins, claviers informatiques...). Utiliser éventuellement dans un deuxième temps des lettres rugueuses cursives pour commencer à engrammer les gestes d'écriture.
  • 𝑳𝒆𝒖𝒓 𝒇𝒂𝒊𝒓𝒆 𝒄𝒐𝒎𝒑𝒐𝒔𝒆𝒓 𝒅𝒆𝒔 𝒎𝒐𝒕𝒔 𝒔𝒊𝒎𝒑𝒍𝒆𝒔 avec un alphabet mobile (lettres aimantées ou plastifiées). Voici des exemples de mots plutôt simples à constituer : papa, clé, moto, canari, chaton, cochon, panda, koala, mouton, etc.
  • 𝑳𝒆𝒖𝒓 𝒇𝒂𝒊𝒓𝒆 𝒍𝒊𝒓𝒆 𝒅𝒆𝒔 𝒎𝒐𝒕𝒔 𝒑𝒖𝒊𝒔 𝒅𝒆 𝒄𝒐𝒖𝒓𝒕𝒆𝒔 𝒑𝒉𝒓𝒂𝒔𝒆𝒔 de manière ludique avec des "enveloppes de lecture", des "messages secrets" ou des livres adaptés (comme la collection présentée ici). On peut souligner l'importance de posséder du vocabulaire : plus on connaît de mots et plus on est susceptible de les reconnaître en les lisant. Les premiers pas sur le chemin de la lecture sont ainsi soutenus par la démarche déductive.

 

 

En prolongement, cliquer pour lire mon précédent article sur

 

Publié le 4 Avril 2024

Les lois naturelles de l'enfant

 𝗜𝗡𝗧𝗥𝗢𝗗𝗨𝗖𝗧𝗜𝗢𝗡 / 𝗣𝗥𝗢𝗣𝗢𝗦 𝗗𝗨 𝗟𝗜𝗩𝗥𝗘

 

Céline Alvarez, diplômée en sciences du langage et un temps professeur des écoles, est autrice et conférencière depuis une expérimentation pédagogique, largement inspirée des travaux scientifiques et pédagogiques d’Edouard Seguin et Maria Montessori, menée en banlieue parisienne de 2011 à 2014. Dans ce livre, elle revient sur cette expérience et 𝗲𝘅𝗽𝗹𝗶𝗾𝘂𝗲 𝘀𝗮 𝗱𝗲́𝗺𝗮𝗿𝗰𝗵𝗲 𝗲́𝗱𝘂𝗰𝗮𝘁𝗶𝘃𝗲 𝗲𝘁 𝗹𝗲𝘀 𝗽𝗿𝗶𝗻𝗰𝗶𝗽𝗲𝘀 𝗯𝗶𝗼𝗹𝗼𝗴𝗶𝗾𝘂𝗲𝘀 𝗾𝘂𝗶 𝘀𝗼𝘂𝘀-𝘁𝗲𝗻𝗱𝗲𝗻𝘁 𝗹’𝗮𝗽𝗽𝗿𝗲𝗻𝘁𝗶𝘀𝘀𝗮𝗴𝗲 𝗲𝘁 𝗹𝗲 𝗽𝗹𝗲𝗶𝗻 𝗲́𝗽𝗮𝗻𝗼𝘂𝗶𝘀𝘀𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗱𝗲 𝗹’𝗲𝗻𝗳𝗮𝗻𝘁.

 

 

𝗦𝗢𝗠𝗠𝗔𝗜𝗥𝗘 / 𝗦𝗧𝗥𝗨𝗖𝗧𝗨𝗥𝗔𝗧𝗜𝗢𝗡 𝗗𝗨 𝗣𝗥𝗢𝗣𝗢𝗦

 

𝗗𝗮𝗻𝘀 𝘂𝗻𝗲 𝗽𝗿𝗲𝗺𝗶𝗲̀𝗿𝗲 𝗽𝗮𝗿𝘁𝗶𝗲, Céline Alvarez présente l’état des connaissances sur la plasticité cérébrale des enfants et les mécanismes d’apprentissage connus sur lesquels s’appuyer, notamment chez les très jeunes enfants. 𝗗𝗮𝗻𝘀 𝘂𝗻𝗲 𝗱𝗲𝘂𝘅𝗶𝗲̀𝗺𝗲 𝗽𝗮𝗿𝘁𝗶𝗲, elle se concentre sur l’aide didactique concrète à mettre en œuvre selon elle, en grande partie déjà énoncée par les pédagogues Edouard Seguin et Maria Montessori, et développe plus particulièrement les domaines du temps et de l’espace, des mathématiques et de l’entrée dans la lecture et l’écriture. 𝗗𝗮𝗻𝘀 𝘂𝗻𝗲 𝘁𝗿𝗼𝗶𝘀𝗶𝗲̀𝗺𝗲 𝗽𝗮𝗿𝘁𝗶𝗲, Céline Alvarez aborde le soutien du développement des compétences-socles de l’intelligence, c’est-à-dire les compétences exécutives. 𝗘𝗻𝗳𝗶𝗻, elle insiste sur l’importance de la reliance et de l’empathie pour l’épanouissement de l’intelligence et le vivre-ensemble.

 

 

𝗣𝗥𝗜𝗦𝗘 𝗗𝗘 𝗡𝗢𝗧𝗘𝗦

 

  1. L’intelligence plastique de l’être humain

 

Céline Alvarez commence par expliquer que l'’enfant naît “câblé” pour apprendre. Avec "la potentialité de" et qu'il convient ensuite pour que ses compétences se développent et s'épanouissent qu'il bénéficie d'un environnement stimulant et bienveillant. L'enfant apprend au contact de l’environnement. D’où l’importance qu’il soit actif et bien entouré. Céline Alvarez poursuit en développant longuement ce que sont les "lois naturelles de l’apprentissage" : apprendre par ses 𝗲𝘅𝗽𝗲́𝗿𝗶𝗲𝗻𝗰𝗲𝘀 actives, avec la 𝗴𝘂𝗶𝗱𝗮𝗻𝗰𝗲 de l’autre, d’où selon elle l’indispensable mélange des âges dans les classes. Ces paramètres sont fondamentaux mais ne suffisent pas : il faut aussi une 𝗺𝗼𝘁𝗶𝘃𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 endogène (c’est-à-dire de l’individu lui-même) qui l’engage dans l’activité et qui active sa mémoire de manière optimale. L'autrice souligne aussi l'importance de l’𝗲𝗿𝗿𝗲𝘂𝗿, de l’itération (répétition) pour confronter ses connaissances à ses prédictions. Elle note aussi l'importance du contact avec la 𝗻𝗮𝘁𝘂𝗿𝗲. Elle dit qu'il est fondamental de proposer un environnement riche mais 𝗽𝗮𝘀 𝘀𝘂𝗿𝗰𝗵𝗮𝗿𝗴𝗲́ : laisser à l'enfant le droit de ne rien faire, de rêvasser, respecter son sommeil et son temps de jeu libre. Enfin, elle souligne le principe de 𝗯𝗶𝗲𝗻𝘃𝗲𝗶𝗹𝗹𝗮𝗻𝗰𝗲 comme catalyseur d’épanouissement. La posture de l’adulte consiste à veiller à l’environnement de l'enfant et à lui proposer des activités adaptées à sa 𝘇𝗼𝗻𝗲 𝗽𝗿𝗼𝘅𝗶𝗺𝗮𝗹𝗲 𝗱𝗲 𝗱𝗲́𝘃𝗲𝗹𝗼𝗽𝗽𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 (entre sa zone d'autonomie et sa zone de rupture, comme conceptualisé par Lev Vygotski).

 

  1. L’aide didactique 

 

Céline Alvarez développe longuement l'intérêt d'utiliser le 𝗺𝗮𝘁𝗲́𝗿𝗶𝗲𝗹 𝘀𝗲𝗻𝘀𝗼𝗿𝗶𝗲𝗹 inventé par Jean Itard, repris et développé par Edouard Seguin puis étoffé par 𝗠𝗮𝗿𝗶𝗮 𝗠𝗼𝗻𝘁𝗲𝘀𝘀𝗼𝗿𝗶, qui isole une qualité à explorer (longueur, couleur…) pour chaque activité. Elle présente des activités par domaine (géographie, mathématiques, lecture et écriture, etc.) avec du matériel et la façon de l’utiliser (les barres rouges, la tour rose, les clochettes, les deux globes, les encastrements, les chiffres rugueux, la frise numérique, les lettres et digrammes mobiles…). Autre outil dans sa trousse : la 𝗹𝗲𝗰̧𝗼𝗻 𝗲𝗻 𝘁𝗿𝗼𝗶𝘀 𝘁𝗲𝗺𝗽𝘀 d’Edouard Seguin : nommer, montrer, identifier. Le chapitre qui m’a plus particulièrement intéressé est celui sur l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Elle énonce le même constat scientifique que Michel Desmurget dans Faites-les lire ! : lire réorganise notre cerveau. C’est pour cette raison - je passe sur l’explication - que les jeunes enfants passent par une phase d’écriture en miroir. “Contrairement à l’apprentissage du langage oral, qui est naturellement induit par une prédisposition biologique, 𝗶𝗹 𝘀𝗲𝗺𝗯𝗹𝗲𝗿𝗮𝗶𝘁 𝗾𝘂𝗲 𝗻𝗼𝘂𝘀 𝗻𝗲 𝗽𝗼𝘀𝘀𝗲́𝗱𝗶𝗼𝗻𝘀 𝗽𝗮𝘀 𝗱𝗲 𝗰𝗶𝗿𝗰𝘂𝗶𝘁𝘀 𝗻𝗲𝘂𝗿𝗼𝗻𝗮𝘂𝘅 𝘀𝗽𝗲́𝗰𝗶𝗳𝗶𝗾𝘂𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗱𝗲́𝗱𝗶𝗲́𝘀 𝗮𝘂 𝘁𝗿𝗮𝗶𝘁𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗱𝘂 𝗰𝗼𝗱𝗲 𝗮𝗹𝗽𝗵𝗮𝗯𝗲́𝘁𝗶𝗾𝘂𝗲, c’est-à-dire à la lecture et à l’écriture. Les recherches actuelles en neurosciences cognitives indiquent que, pour lire, notre cerveau recycle une région cérébrale initialement destinée à un tout autre usage : la reconnaissance des visages et des objets.” Voici les grands principes énoncés par Céline Alvarez : 𝗳𝗮𝗶𝗿𝗲 𝗲𝗻𝘁𝗲𝗻𝗱𝗿𝗲 𝗹𝗲𝘀 𝘀𝗼𝗻𝘀, donner le code alphabétique, renforcer la compréhension du code, faire passer du décodage à l’automatisation, faire lire des mots, puis des phrases, voire des livres, favoriser l’entrée dans l’écriture.

 

  1. Le développement des compétences-socles et l'importance de l'empathie

 

Il faut avant tout savoir qu'il y a des périodes sensibles de développement des compétences : par exemple, un emmagasinement au niveau langagier et sensoriel avant même la naissance et jusqu’à 1 an puis un développement du langage, une véritable explosion de l’expression orale, vers 2 ans. 𝗟𝗲𝘀 𝗰𝗼𝗺𝗽𝗲́𝘁𝗲𝗻𝗰𝗲𝘀-𝘀𝗼𝗰𝗹𝗲𝘀 (𝗮𝘂𝘁𝗼𝗻𝗼𝗺𝗶𝗲, 𝗼𝗿𝗴𝗮𝗻𝗶𝘀𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻, 𝗰𝗼𝗻𝘁𝗿𝗼̂𝗹𝗲, 𝗽𝗹𝗮𝗻𝗶𝗳𝗶𝗰𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻) se développent également dès la première année de vie avec une croissance fulgurante entre 3 et 5 ans. En maternelle, il est donc primordial d'𝗲̂𝘁𝗿𝗲 𝗮𝘁𝘁𝗲𝗻𝘁𝗶𝗳 𝗮𝘂𝘅 𝗰𝗼𝗺𝗽𝗲́𝘁𝗲𝗻𝗰𝗲𝘀 𝗲𝘅𝗲́𝗰𝘂𝘁𝗶𝘃𝗲𝘀, 𝗰'𝗲𝘀𝘁-𝗮̀-𝗱𝗶𝗿𝗲 𝗹𝗲𝘀 𝗰𝗼𝗺𝗽𝗲́𝘁𝗲𝗻𝗰𝗲𝘀 𝗰𝗼𝗴𝗻𝗶𝘁𝗶𝘃𝗲𝘀 𝗽𝗲𝗿𝗺𝗲𝘁𝘁𝗮𝗻𝘁 𝗱’𝗮𝘁𝘁𝗲𝗶𝗻𝗱𝗿𝗲 𝘀𝗲𝘀 𝗼𝗯𝗷𝗲𝗰𝘁𝗶𝗳𝘀 : 𝗹𝗮 𝗺𝗲́𝗺𝗼𝗶𝗿𝗲 𝗱𝗲 𝘁𝗿𝗮𝘃𝗮𝗶𝗹 (𝗺𝗲́𝗺𝗼𝗶𝗿𝗲 𝗰𝗼𝘂𝗿𝘁𝗲), 𝗹𝗲 𝗰𝗼𝗻𝘁𝗿𝗼̂𝗹𝗲 𝗶𝗻𝗵𝗶𝗯𝗶𝘁𝗲𝘂𝗿 (𝗰𝗼𝗻𝗰𝗲𝗻𝘁𝗿𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻), 𝗹𝗮 𝗳𝗹𝗲𝘅𝗶𝗯𝗶𝗹𝗶𝘁𝗲́ 𝗰𝗼𝗴𝗻𝗶𝘁𝗶𝘃𝗲 (𝗱𝗲́𝘁𝗲𝗰𝘁𝗲𝗿 𝘀𝗲𝘀 𝗲𝗿𝗿𝗲𝘂𝗿𝘀, 𝗹𝗲𝘀 𝗰𝗼𝗿𝗿𝗶𝗴𝗲𝗿, 𝗲̂𝘁𝗿𝗲 𝗰𝗿𝗲́𝗮𝘁𝗶𝗳). Chez les jeunes enfants en particulier, il est important de mettre en œuvre une intelligence d’action, c'est-à-dire de favoriser leur autonomie : mettre seul ses chaussures, aider à étendre le linge, à mettre le couvert, etc. permet de donner du sens à ses apprentissages et d'exercer ses compétences exécutives. “L’exigence du jeune enfant à vouloir absolument faire par lui-même n’est donc ni un caprice, ni une manie, ni un hasard, ni un trait de caractère : il s’agit d’une manifestation de l’intelligence qui demande à s’exercer.” La posture de l'adulte consiste à montrer les gestes-clés, laisser ensuite l’enfant pratiquer et trouver des solutions à son problème, lui apporter une aide discrète avant qu’il ne se décourage. Les mots d'ordre : 𝗽𝗹𝘂𝘀 𝗱𝗲 𝗹𝗶𝗯𝗲𝗿𝘁𝗲́, 𝗺𝗼𝗶𝗻𝘀 𝗱𝗲 𝘀𝘁𝗿𝗲𝘀𝘀, 𝗽𝗹𝘂𝘀 𝗱𝗲 𝗿𝗲𝗹𝗶𝗮𝗻𝗰𝗲. Comment ne pas voir que nous semons ce que nous déplorons par la suite ? En n’obéissant pas à cette loi qui exige que les être humains s’épanouissent dans la reliance, nous vivons collectivement en sous-régime empathique, mais également en sous-régime cognitif, en sous-régime métabolique, et en sous-régime créatif… Nous méconnaissons nos potentiels réels.

 

 

𝗔𝗩𝗜𝗦

 

𝗜𝗹 𝗻’𝘆 𝗮 𝗿𝗶𝗲𝗻 𝗱𝗲 𝗰𝗼𝗺𝗽𝗹𝗲̀𝘁𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗻𝗼𝘂𝘃𝗲𝗮𝘂 dans le discours de Céline Alvarez. Elle le dit elle-même : elle doit beaucoup à “l’héritage exigeant et sensible” de Maria Montessori. Sa manière de se mettre pseudo-modestement dans sa droite lignée est d’ailleurs plutôt irritante. La plasticité cérébrale, le principe d’éducabilité, la pédagogie active, la zone proximale de développement… tout ça est loin d’être méconnu du corps enseignant. On peut d’ailleurs déplorer le fait qu’elle fasse l’impasse sur d’autres grands noms de la pédagogie, tel que Célestin Freinet (qui a mis en œuvre des principes tels que la coopération, le tâtonnement expérimental, l’autocorrection, la communication…).

 

𝗖𝗲́𝗹𝗶𝗻𝗲 𝗔𝗹𝘃𝗮𝗿𝗲𝘇 𝗰’𝗲𝘀𝘁 𝗮𝘂𝘀𝘀𝗶 𝘂𝗻 𝘁𝗼𝗻 𝗲𝘁 𝘂𝗻 𝘃𝗼𝗰𝗮𝗯𝘂𝗹𝗮𝗶𝗿𝗲 𝗴𝗿𝗮𝗻𝗱𝗶𝗹𝗼𝗾𝘂𝗲𝗻𝘁𝘀 : les enfants sont de “jeunes êtres humains” qui naissent avec des cerveaux bourrés de “potentiels”, “câblés pour retenir du beau, du grandiose” et des personnalités qui ne demandent qu’à être “révélées”. Ils sont “affamés d’expériences” et devraient bénéficier d'un “étayage individualisé, bienveillant et calme de l’adulte” pour que grandir soit “une conquête heureuse”. On peut être charmé ou agacé.

 

𝗔𝘂-𝗱𝗲𝗹𝗮̀ de toutes les nuances et critiques que l’on peut émettre au sujet de l’essai de Céline Alvarez, on peut souligner qu’il permet de réaffirmer et clarifier de grands principes pédagogiques et 𝗱𝗶𝗱𝗮𝗰𝘁𝗶𝗾𝘂𝗲𝘀. Les aspects pratiques qui s'attachent à décrire la posture de l’enseignant ou de l’ATSEM ainsi que la façon d’utiliser le matériel pédagogique sont très intéressants. J’ai été particulièrement sensible - et c’est ce pourquoi j’ai ouvert ce livre - à l’explication du procédé d’entrée dans la lecture. J'y reviendrai prochainement. J’ai également appris sur les compétences exécutives.

 

Cet essai est donc tout à fait 𝗶𝗻𝘁𝗲́𝗿𝗲𝘀𝘀𝗮𝗻𝘁 𝗺𝗮𝗶𝘀 𝗽𝗮𝘀 𝗿𝗲́𝘃𝗼𝗹𝘂𝘁𝗶𝗼𝗻𝗻𝗮𝗶𝗿𝗲 et mériterait d’être condensé car Céline Alvarez a une fâcheuse tendance à se répéter. Pour se faire une idée de sa posture / imposture, je vous renvoie vers cet article paru dans Libération en septembre 2019 : Céline Alvarez, un peu trop classe ? 

 

Publié le 3 Avril 2024

Lebensborn

 

L’Europe, pendant la Seconde guerre mondiale, a été le laboratoire d’une tragique tentative d’application du programme nazi d’eugénisme à grande échelle. En premier lieu par la Shoah mais aussi par le Programme Aktion T4 (l’élimination des personnes malades et handicapées) et les lebensborns (de l’allemand “fontaines de vie”) : des maternités, telles “des usines à fabriquer des bébés parfaits”, dont le but était d’accélérer la création et le développement d’une race aryenne parfaitement “pure et dominante”.

 

Katherine Maroger a raconté dans Les racines du silences (en 2008) comment elle a découvert avoir fait partie du programme nazi d’eugénisme avant d’être adoptée en France. Aujourd’hui c’est sa fille, Isabelle, qui transpose en bande dessinée l’histoire de sa famille.

 

Une bande dessinée au sujet très intéressant et à la narration autobiographique bien menée, sous forme de récit d’enquête. Malheureusement, je suis restée sur ma faim par rapport à la somme de connaissances apportée. Je pensais que le prétexte autobiographique allait donner suite à un travail documentaire approfondi mais les informations sont assez limitées. C’est bien dommage car la lecture est pourtant fluide. Le sujet porte finalement davantage sur les conséquences de cette histoire familiale particulière : comment construit-on son identité entre silences et révélations, entre honte et fierté, entre amour et rejet ?

 

Lebensborn
Lebensborn
Lebensborn

Sur le sujet des lebensborns, je recommande aussi la lecture de Max de Sarah Cohen-Scali.