Publié le 27 Février 2017

Apprendre à marcher aux enfants par Ollivier

 

La quatrième de couverture :

 

Quelques mois seulement après la naissance de mon aînée, l’image fantomatique – et désagréable – de mon futur gendre m’est apparue mentalement. J’ai aussitôt imaginé l’histoire d’un homme qui peine à trouver le sommeil quand, pour la première fois, sa fille passe la nuit à la maison dans le même lit que son amoureux.
Dis-sept ans plus tard, quand ma fille atteignait l’âge de mon héroïne, j’ai mis le point final à Apprendre à marcher aux enfants. J’ai alors réalisé que la rédaction de ce livre m’avait accompagné tout au long de ces années à la fois pleines et furtives qui m’avaient vu traverser les affres et les joies de la paternité.
Carnet de bord déguisé d’un papa ? Journal intime caché derrière la fiction ?… Ce livre est plein de pères qui sont tous un peu moi.

 

 

Mon avis :

 

Ce reccueil de nouvelles est une déception. Moi qui adore Mikaël Ollivier, je m'attendais à déguster son livre sur le thème de la parentalité comme une gourmandise pour bien débuter mes vacances de février. Au lieu de ça, il m'en reste le goût amer d'une lecture pessimiste qui aborde (le plus souvent) la parentalité au travers du prisme de l'échec du couple. Son point de vue est cynique et désabusé presque tout au long du reccueil. Les relations familiales évoquées parfois avec bonheur sont le plus souvent également associées au regret, à la monotonie ou à l'hypocrisie. Pourtant, certaines nouvelles auraient pû me faire venir les larmes aux yeux (La pie dans le poirier) ou me faire rire (Apprendre à marcher aux enfants)... mais la vulgarité prend trop souvent le pas sur la justesse et la tendresse. Globalement, Mikaël Ollivier nous raconte que le temps passe et que les distances se creusent : j'avais au contraire besoin d'entendre de belles et émouvantes réflexions sur la filiation.

 

 

Sommaire :

 

  1. Bonne fête papa ♥♥
  2. Basile
  3. La pie dans le poirier
  4. De père en fils
  5. Apprendre à marcher aux enfants
  6. Une odeur de biscuit
  7. Jeudi soir
  8. Vendredi soir
  9. Le récital
  10. Jeu, set et match
  11. Au premier regard
  12. Born to fuck
  13. La coda
  14. Les initiales
  15. Fin août début septembre ♥♥

vide = peu appréciée

 = appréciée

♥♥ = préférée

♥♥♥ = coup de coeur

 

 

Ollivier, Mikaël

Apprendre à marcher aux enfants

Ed. Le passage

2016 / 184 p.

 

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

Partager cet article

Publié le 20 Février 2017

 

 

Mon avis :

 

Un imagier sensoriel aux couleurs vitaminées dont chaque double page présente un animal associé à un toucher à découvrir : doux, rugueux, lisse... L'originalité réside dans la dernière page avec un tamanoir à la langue collante (pour attraper les fourmis) : la préférée de bébé !

 

 

Dexet, H.

Doux, pas doux

Ed. Nathan

Coll. Petit Nathan

2016 / 12 p.

 

Publié le 17 Février 2017

Little sister par Séverac

 

La quatrième de couverture :

 

Du haut de ses seize ans, Lena fait preuve d'une assurance étonnante. Pourtant sa vie est loin d'être simple. Lena Rodriguez, c'était son nom avant. Sa nouvelle identité, elle ne peut la révéler à personne... Lena a convaincu ses parents de la laisser partir seule quelques jours à Cadaquès, chez son oncle et sa tante catalans. Elle ne leur a pas tout dit. Là-bas, elle a rendez-vous avec Ivan, son grand frère que personne n'a vu depuis quatre ans... depuis qu'il est parti, sans explication, faire le djihad en Syrie.

 

 

Mon avis :

 

Benoît Séverac raconte ici l'espoir d'une soeur de retrouver son frère Ivan partit faire le djihad en Syrie quatre ans plus tôt. L'auteur n'offre pas de tribune aux propos djihadistes et n'essaye pas d'expliquer ce qui pousse certains jeunes à partir faire le djihad. Son roman cherche plutôt à souligner les souffrances d'une famille impliquée malgré elle dans cette actualité brûlante. Quatre voix interviennent l'une après l'autre dans le récit. Léna, la petite soeur, personnage central. Théo, ancien meilleur ami d'Ivan. Joan, ancien résistant au franquisme. Tambon, gradé de la DGSI de Toulouse.

 

Malheureusement, le récit met du temps à prendre son envol et passe à la fois par des considérations historiques (franquisme) et par une trame amoureuse un peu niaise entre Léna et Théo. Les personnages sont assez fades et leurs états d'âmes tendent au cliché. L'arrière-plan espagnol offre un certain exotisme mal investi, avec des personnages d'anciens résistants peu crédibles. La fin est bâclée. Bref, je m'attendais à bien mieux de la part de Benoît Séverac, découvert il y a près de trois ans avec L'Homme-qui-dessine. Il faut dire aussi qu'il était difficile de passer après ma lecture de Petit pays...

 

 

Séverac, Benoît

Little sister

Ed. Syros

2016 / 201 p.

 

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

Partager cet article

Publié le 14 Février 2017

J'ai enfin pris le temps de lire le dernier Goncourt des lycéens entre deux emprunts au CDI :

 

http://static.lexpress.fr/medias_11045/w_640,c_fill,g_north/petit-pays-par-gael-faye_5655051.jpg

 

 

La quatrième de couverture :

 

"Au temps d'avant, avant tout ça, avant ce que je vais raconter et le reste, c'était le bonheur, la vie sans se l'expliquer. Si l'on me demandait “Comment ça va ?” je répondais toujours “Ça va !”. du tac au tac. Le bonheur, ça t'évite de réfléchir. C'est par la suite que je me suis mis à considérer la question. À esquiver, à opiner vaguement du chef. D'ailleurs, tout le pays s'y était mis. Les gens ne répondaient plus que par “Ça va un peu”. Parce que la vie ne pouvait plus aller complètement bien après tout ce qui nous était arrivé."

Avant, Gabriel faisait les quatre cents coups avec ses copains dans leur coin de paradis. Et puis l'harmonie familiale s'est disloquée en même temps que son «petit pays», le Burundi, ce bout d'Afrique centrale brutalement malmené par l'Histoire. Plus tard, Gabriel fait revivre un monde à jamais perdu. Les battements de cœur et les souffles coupés, les pensées profondes et les rires déployés, le parfum de citronnelle, les termites les jours d'orage, les jacarandas en fleur ... L'enfance, son infinie douceur, ses douleurs qui ne nous quittent jamais.

 

 

Mon avis :

 

Que de louanges pour ce premier roman de l'auteur-compositeur-interprète franco-rwandais Gaël Faye ! Que de distinctions (le Prix Goncourt des lycéens 2016 notamment) ! Tellement qu'en lisant la première moitié du roman, je me suis dit : mouai... J'étais spectatrice de souvenirs d'enfance chatoyants mais pas si intéressants que ça. Et finalement, c'est dans le dernier tiers du livre que l'émotion arrive. L'écriture est magnifique. Les bêtises des gamins privilégiés dont il est question laissent place à une rude prise de conscience. Les points de fracture de la société burundaise se révèlent et une violence absurde éclate. Hutus et Tutsis s'affrontent. Les enfants deviennent dramatiquement des hommes. Les anecdotes jaunies laissent place à moins de naïveté et plus d'actions. Au-delà de Gabriel et de ses amis, le lecteur découvre d'autres facettes des parents de ce dernier. Malgré des longueurs au départ, la fin du roman nous transporte et nous glace.

 

C'est la gorge serrée que l'on referme ce bijou. Petit pays a tout d'un grand.

 

Pour découvrir les premières pages, c'est par ici.

 

Même après avoir refermé son lourd portail, j'endendais encore sa voix derrière moi me prodiguer d'intarrissables conseils : prends garde au froid, veille sur tes jardins secrets, deviens riche de tes lectures, de tes rencontres, de tes amours, n'oublie jamais d'où tu viens...
Quand on quitte un endroit, on prend le temps de dire au revoir aux gens, aux choses et aux lieux qu'on a aimés. Je n'ai pas quitté le pays, je l'ai fui. J'ai laissé la porte grande ouverte derrière moi et suis parti, sans me retourner. Je me souviens simplement de la petite main de Papa qui s'agitait au balcon de l'aéroport de Bujumbura.

Je vis depuis des années dans un pays en paix, où chaque ville possède tant de bibliothèques que plus personne ne les remarque. Un pays comme une impasse, où les bruits de la guerre et la fureur du monde nous parviennent de loin.

Faye, Gaël

Petit pays

Ed. Grasset

2016 / 215 p.

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

Partager cet article

Publié le 9 Février 2017

Le premier roman d'un auteur découvert et rencontré récemment :

 

Le baiser dans la nuque par Boris

 

La quatrième de couverture :

 

Bientôt Fanny sera sourde. Bientôt elle n'entendra plus les pleurs des enfants qu'elle aide à mettre au monde. Pourtant, avant que le silence ne se referme sur sa vie, la jeune femme décide de prendre des cours de piano. Louis, son professeur, elle l'a croisé à la maternité. Un homme solitaire et secret, doux et blessé. Au fil des leçons, une complicité pudique s'installe entre eux. Peu de mots, quelques gestes, des regards, et puis la musique. Pour affronter et surmonter la maladie, qui progresse, mais aussi, surtout, pour se soutenir mutuellement.

 

 

Mon avis :

 

"Au début, c'est un parking. Celui de la maternité de Dourdan, un petit parking." C'est là que Fanny travaille. Elle est sage-femme, mariée, mère de deux enfants. Elle est atteinte d'une maladie qui la condamne à devenir sourde un jour. Elle rencontre Louis à la maternité, tenant la main de sa belle-soeur sur le point d'accoucher et veuve de quelques jours seulement. Pour Fanny, il y a urgence à jouir de ses sens avant qu'ils ne la trahissent. Professeur de piano, Louis acceptera de la revoir chaque jeudi afin de lui donner des cours. Passées quelques séances, c'est en lui offrant des petits bracelets de naissance oubliés à la maternité, prétexte au récit des accouchements, que Fanny rétribura Louis. Le lecteur assiste alors à la naissance d'une histoire d'amour pudique où les notes du piano et les silences remplacent souvent les mots. Car Louis aussi doit vivre avec une blessure...

 

De récits d'accouchement en apartés musicaux en passant par de sensuelles descriptions, on sent qu'Hugo Boris cherche à travailler une écriture originale et voluptueuse. Ne pas si tromper : à l'instar du titre, le récit plonge le lecteur dans une écriture élégante plutôt que vicieuse. C'est en effet un bémol que ce titre et cette première de couverture qui laissent présager une romance démodée voire vulgaire et ennuyante. En réalité, Hugo Boris est un auteur d'une grande sensibilité que je suis ravie d'apprendre à connaître depuis quelques mois. J'ai notamment été séduite par les récits d'accouchements plein d'animalité, de souffrances... et de plénitude. Par la beauté, la bestialité, la fierté des jeunes mamans évoquées. Par la douceur, le naturel, la mignonnerie des bébés. Le thème de la maternité mis en regard de ceux de la mort et de l'impuissance semblent récurrents chez cet auteur qui dans Police associait avortement et destin fatidique d'un tadjik reconduit à la frontière. Dans ces deux romans, les hommes semblent démunis face aux décisions et aux actions des femmes. Mention spéciale au passage dressant les portraits des pères à la maternité (cf. ci-dessous). Au fil des chapitres, un poème se construit : les titres sont des vers de Rimbaud dont la table des matières restitue l'intégralité du poème. Au fil de mes lectures, je tombe sous le charme d'Hugo Boris : un auteur à suivre.

 

La route écrasée de soleil a des brillances. Le parking, un air vacant. Juillet flamboie. Il ne manque vraiment que le bourdonnement d'une autoroute à quatre voies. Elle lève les yeux vers le ciel et les y laisse, pour s'éblouir un peu. Un bleu doucement mécanique, un ciel d'Espagne. Ici, à cette heure, il ne peut rien lui arriver. Cet instant est à elle, on ne peut le lui retirer, une certitude qu'elle a. Il fait si chaud, si lourd, qu'il fait presque mauvais, qu'importe, c'est à elle. La route noire, les pelouses, la mécanique bien huilée des gerbes d'eau, le ciel pâli par la chaleur, tout.

Il y en a des timides. Ou qui croient tout savoir. Qui n'échangeraient leur place pour rien au monde. Préfèreraient ne rien voir. Des gentils. Tendres. Ou bourrus. Qui déplieraient un journal. N'éteindraient pas leur portable. Se font envoyer balader. Sont indispensables. Trouvent leur femme belle. Ont le sentiment théorique. Ou qui pleurent. Qui vont souvent pour dire quelque chose mais finalement non. Qui photographient. Restent peureusement à l'arrière. Enlancent leurs doigts dans les siens. Se sentent pères. Rangés et honnêtes. Les mains calleuses. Des époux rassurants. n'en croient pas leurs yeux. Figurants. Apitoyés. Déposent un baiser sur le front moite de leur femme diminuée (ou bien c'est elle qui prend sa tête, au papa, à pleines mains, l'embrasse fougueusement, heu-reu-se). Des sans-gêne. Qui ont des paroles d'encouragement. Marchent avec un sourire intérieur. Ne disent pas toujours les mots qu'il faut. Ne sont pas là. Se font agripper. Dégainent leur caméscope de poing. En veulent pour leur argent. Ont des allures de sparring-partners. Des rougeauds, l'air gaillard. Qui regardent leurs chaussures. Ridicules sous leur djellaba médicale. De grands blonds efféminés à queue-de-cheval. Des petits frères qui viennent remplacer le grand couillon qui s'est tué le weekend dernier. Des chauves. Des lunetteux. Qui ont eu une enfance pas facile. Ou normale. Ebouriffés. Errant comme des fantômes dans les couloirs. Qui regardent leur montre. N'en ont pas. Qui ont tout vu à Hiroshima. Ont tout raté. Agitent un vaporisateur autour de son visage. Qui travaillent la nuit et dorment le jour. Qui sont prêts. S'assoient derrière leur femme, jambes écartées. Respirent comme elle. Qui pousent quand elle pousse. Donnent le bain avec des gestes lents, la peur de mal faire. Posent des questions timides. Jouent les interprètes. Ont les mains dans le dos qui se cherchent et qui se tordent. Que ce spectacle ahurit. Qui aiment leur bébé d'un amour qui était là avant lui. Qui le connaissaient déjà avant de l'avoir vu. Qui l'emmènent dans les bras, vont lui raconter des choses dans le couloir. Qui aimeraient bien, eux aussi, donner la vie.

Boris, Hugo

Le baiser dans la nuque

Ed. Belfond

Coll. Pocket

2005 / 215 p.

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

Partager cet article