Publié le 22 Décembre 2023

Les tops de 2023

 

 

Mes coups de cœurs littéraires de l'année

 

  1. Connemara de Nicolas Mathieu 
  2. La carte postale d'Anne Berest 
  3. Le soldat désaccordé de Gilles Marchand 
  4. Panorama de Lilia Hassaine ♡
  5. Faites-les lire ! de Michel Desmurget [essai] ♡
  6. Ma vie sans gravité de Thomas Pesquet [autobiographie] ♡

 

Je place Connemara sur la première place du podium sans hésitation. Si ce n'est pas encore fait, lisez-le et offrez-le : entre un propos sociologique sur une France désillusionnée et l'analyse psychologique d'une transfuge de classe, on y lit surtout de la véritable littérature, pailletée d'ironie et de lyrisme. En ce qui concerne La carte postale, on peut souligner que l'actualité internationale de ses dernières semaines encourage la prise de recul que son auteur y propose sur la judaïcité. Le soldat désaccordé est un roman sur l'amour et sur l'absurdité de la guerre qui se lit vite et bien. Panorama propose quant à lui une dystopie efficace où la population française vit en 2049 dans des "maisons-vivariums" encourageant la transparence absolue. J'ajoute, pour les professionnels des métiers du livre ou de l'éducation mais aussi pour les parents en général, l'essai de Michel Desmurget Faites-les lire ! qui explique en quoi la lecture est primordiale pour le développement intellectuel et socio-émotionnel de nos enfants. Je conseille aussi au plus grand nombre l'autobiographie passionnante de Thomas Pesquet Ma vie sans gravité. Enfin, en littérature jeunesse, je conseille avec enthousiasme pour clôturer l'année Le plus beau sapin de Noël.

 

 

Et pour retrouver mes tops de 2022 c'est par ici !

 

 

Publié le 22 Décembre 2023

L'amour

Ce livre raconte la vie de couple de Jeanne et Jacques Moreau dans toute sa banalité. Elle est réceptionniste dans un petit hôtel. Lui donne un coup de main en maçonnerie sur les chantiers de son père. Ils se rencontrent et se côtoient timidement. Puis, au détour d'une ballade, s'embrassent à bas bruit, en laissant le lecteur distrait au moment de la scène de leur premier baiser. Ils auront un mariage, une maison avec jardin, un fils, un chien, des cassettes audio de Véronique Sanson, une moquette vert d’eau, des caleçons plutôt que des slips, un lave-vaisselle en 84, une caméra Sony et des téléphones portables.

 

En très peu de pages, quelques scènes insignifiantes au premier abord et la description d'un quotidien dépourvu d'intensité, on prend de la hauteur sur les notions de couple, de bonheur, de passion et d'idéal romantique. On s’attache à ce couple tout en modestie, sobriété et pudeur. Car leur vie ressemble à la nôtre : elle est ponctuée d’épreuves, de petits bonheurs, d’agaçantes manies. François Bégaudeau met en lumière ce qui fait la beauté de l’amour ordinaire, au-delà de la passion mise en avant en littérature ou au cinéma, à savoir la peine qu’on prend pour le faire durer, malgré la routine. On s’aime malgré le temps qui passe et peut-être grâce à ce temps partagé. C’est un texte très court dont le style plat épouse le quotidien sans artifices du couple et balaie aussi une époque : des années 1970 à aujourd’hui. De ce fait c’est aussi un portrait de la classe moyenne ayant su faire famille au tournant des années 2000. Un roman sensible, parfois drôle, mais globalement mélancolique, qui parle d’amour sans jamais vraiment le dire.

 

Jacques énerve Jeanne à mettre des cornichons avec tout, à manger la peau du saucisson sec, à remettre un t-shirt sale, à ne pas couvrir son crâne d’œuf à la plage, à laisser un rhume traîner plutôt que de prendre des antibiotiques, à dire un espèce de, à dire il mouille plutôt qu’il pleut, à dire car pour bus, à se moucher dans du Sopalin, à se tenir les mains sur les hanches que ça fait ressortir sa bedaine, à lancer les grillades de barbecue trop tôt, à laisser Bill entrer dans la salle d’eau, à piétiner dans la cuisine alors qu’il n’a rien à y faire puisque monsieur n’en fout pas une.

Dans le même genre Jacques ne comprend jamais qu’elle préfère entamer le pain frais plutôt que de finir le pain d’hier. Et pas la peine de venir nous raconter qu’elle en fera du pain perdu, elle n’en fait jamais. Ce que Jeanne peut éventuellement reconnaître mais pour aussitôt observer qu’à ce compte-là ils ne mangeront jamais de pain. Si on mange le pain du jour le lendemain du jour, on mange toujours du pain d’hier. Ce à quoi Jacques objecte que ben voyons.

Rédigé par Nota Bene

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Publié le 19 Décembre 2023

Quel livre offrir à un lycéen à Noël ?

Vous avez un lycéen dans votre entourage (ou pire, à la maison) et vous ne savez pas quel livre lui mettre entre les mains à Noël ? Voici 10 suggestions de nouveautés qui devraient vous aider dans cette dernière ligne droite avant les fêtes.

 

 

BD sentimentale / En ce moment sur Netflix / LGBTQ+ / Adolescence / Amour / Amitié / Accessible en VO dès l'entrée au lycée.

 

BD sentimentale / Vie et déboires d'une lycéenne / Humour / Dernier tome de la série à paraître en 2024 / Son auteur distingué du Grand Prix 2023 au Festival d'Angoulême.

 

BD de vulgarisation sociologique / Déterminismes sociaux / Mise en abîme accessible et moderne de l'essai de Pierre Bourdieu / Identification aux personnages lycéens.

 

BD de vulgarisation scientifique / Paléontologie / Histoire des sciences / Humour.

 

BD de vulgarisation scientifique / Enjeux énergétiques et climatiques / Le livre le plus vendu de 2022, toujours d'actualité.

 

Autobiographie / Astronomie / Conquête spatiale / Parcours de vie inspirant pour un lycéen (études et vie professionnelle détaillées).

 

Roman / Thriller / Anticipation / Dystopie / Intimité / Sécurité / Vie privée vs vie publique.

 

  • Hunger games (T. 1 à 3 + préquel) de Suzanne Collins (édition collector 15 ans) [2023]

Romans / Thriller / Dystopie / Télé-réalité / Survie.

 

Recueil de nouvelles / Éveil à la sexualité / Acte militant.

 

 

 

 

Publié le 18 Décembre 2023

Ma vie sans gravité

Après avoir fait un tour Dans la combi de Thomas Pesquet (bande dessinée de Marion Montaigne paru en 2017), j'ai ouvert avec curiosité l'autobiographie officielle d'une des personnalités préférées des Français. Thomas Pesquet y raconte son parcours époustouflant et y brille de simplicité et de modestie. Après un chapitre introductif captivant sur les dernières heures avant son premier envol pour l'espace en 2016, le deuxième chapitre reprend les choses à leur commencement : son enfance.

 

 

Il nous présente son contexte familial et distille de tendres et amusantes anecdotes. Son enfance et son adolescence en Normandie auprès de ses parents enseignants et de son frère (de quelques mois son aîné) sont notamment baignées par des facilités scolaires, une tendance à la maniaquerie (au sens d'un goût un peu excessif pour le rangement), une attirance pour le métier de pilote de chasse, une ouverture à la musique et une passion pour le basketball. On apprend par exemple que, lycéen, Thomas a disputé un match départemental avec Tony Parker ! Ses années d'étudiant et ses premiers pas dans la vie active (prépa, école d'ingé, boulot au CNES, brevet de pilote, carrière chez Air France...) sont ensuite longuement racontées, en parallèle de son histoire avec sa compagne Anne, qui a connu des séparations et des retrouvailles. Thomas évoque à plusieurs reprises les doutes et les craintes de sa mère et de sa compagne tout au long de son parcours d'ingénieur, de pilote de ligne puis d'astronaute. Il nous détaille les nombreux mois de procédure de recrutement suite à l'appel à candidature de l'ESA puis les coulisses de l'école des astronautes.

 

Enfin, il nous fait partager le frisson du décollage, son quotidien à bord de l'ISS et l'émerveillement de découvrir, flottant dans le vide intersidéral, notre planète si fragile. Son autobiographie a parfois des allures de roman d'aventures. Il fait à plusieurs reprises référence au film Gravity. Son parcours est totalement impressionnant. Il a suivi des milliers d'heures de cours et d'entraînements divers dans des domaines de pointe. Pourtant, en étant raconté pas à pas et avec une constante autodérision, le récit est à la portée de tous. Il ne semble pas avoir la langue de bois et évoque, avec retenue tout de même, le poids de certains éléments diplomatiques (la part du financement de l'exploration spatiale de l'Europe, l'élection de Donald Trump, les relations entre la Russie et les autres nations...) et les effets des différentes cultures nationales sur l'ingénierie et les relations interpersonnelles (les comparaisons entre la culture libérale de SpaceX et son expérience de Baïkonour sont savoureuses). Après un premier séjour sur l'ISS en 2016, il s'envole de nouveau en 2021.

 

Entre les deux, il mesure sa nouvelle notoriété. Il nous explique d'ailleurs la mission de communication qu'il s'est lui-même assignée dès le départ dans une volonté première de défendre, justifier et promouvoir le financement de l'exploration spatiale longtemps décriée en France puis avec le désir de donner à voir la fragilité et la beauté de notre planète afin de nous faire prendre conscience de l'importance de la préserver. Réseaux sociaux, bande dessinée, films documentaires sont de son initiative. Ses objectifs ont été atteints au-delà de ses espérances et c'est aussi avec un "trop-plein" de sollicitations que lui et sa compagne doivent maintenant composer, en plus des sacrifices personnels qu'engendre une carrière aéronautique. Thomas n'oublie jamais (il en fait d'ailleurs peut-être un peu trop ; elle en devient agaçante...) de préciser qu'elle n'a "pas besoin de lui" et qu'elle honore également un parcours professionnel brillant. On peut noter un peu d'abus de points de suspension et de parenthèses dans son récit mais on lui pardonne tant il est parfait par ailleurs et sait vulgariser les éléments techniques et scientifiques de son aventure. On cerne mieux grâce à lui les types d'expériences scientifiques qui sont menées à bord de l'ISS et leurs retombées possibles pour les progrès notamment écologiques et médicaux.

 

Bref, on referme ce livre en étant encore plus admiratif des efforts fournis par Thomas et séduit par sa droiture et sa sympathie. On verse une larme à la lecture des remerciements. On rêve avec lui du programme Artemis (successeur d'Apollo), pour lequel il pourrait repartir en mission d'ici à 2030, et même de la possibilité qu'un jour des hommes se rendent sur Mars.

 

 

🚀

 

- Tu dois appeler tes parents, Thomas.
Elle a raison, même si je ne suis pas sûr qu'ils aient encore cette affaire en tête. Ma mère a dû s'arranger pour oublier.
- Allô, c'est moi. Il faut que je vous parle.
- Tom, on arrive à notre cours de danse. On te rappelle en rentrant.
(Mes parents pratiquent la danse de salon, la chorale, et mille autres activités, ce qui fait que depuis qu'ils sont à la retraite, ils sont injoignables.)
- J'ai juste un truc à vous annoncer.
- Un truc à nous annoncer... ?
- Je vais devenir astronaute... (peut-être pas ce qu'ils attendaient).

À contempler l’horizon d’en bas, on a systématiquement l’impression qu’il y aura toujours quelque chose au-delà : après l’océan, encore de l’océan. Que la Terre est trop vaste pour que nous l’abîmions vraiment.
De l’ISS, je vois une boule qui est la finitude en soi. Ça a beau être grand, c’est quand même fini, contenu.
D’où le parallèle qui m’est venu très tôt : quelle différence entre la Terre et la Station spatiale, toutes deux lancées dans le vide inhospitalier de l’espace ? Aucune. Nous séjournons avec des gens que nous n’avons pas forcément choisis, avec des ressources limitées à utiliser avec parcimonie, sur un vaisseau dont il faut prendre soin si on veut qu’il vole encore longtemps…

Si les carrières sont variées, nous [les astronautes] sommes tous un peu scientifiques, techniciens, opérationnels à tendance rationnelle, organisée et hiérarchique !

[...] Je suis allé sur l'ISS pour la même raison : elle était là et c'est ce qu'il y avait de plus lointain. Mais si la possibilité d'aller encore plus loin se concrétise demain... comment y renoncer ?

J'ai rencontré tant de professeurs, d'éducateurs, d'enseignants qu'il est impossible de tous les citer ici et je le regrette, car chacun m'a appris quelque chose. Certains m'ont fourni des outils pour cheminer dans la vie dont je me sers encore chaque jour ; d'une certaine manière, tous m'ont accompagné dans l'espace. [...] Il n'y a pas, à mon sens, de plus beau métier que celui de transmettre la connaissance, car elle peut changer une vie à elle seule. Elle a en tout cas changé la mienne, année après année, heure de cours après heure de cours, page après page. Je mesure la chance que j'ai d'avoir grandi ici et maintenant : les opportunités qui furent les miennes doivent beaucoup aux institutions de la République.

Ma vie sans gravité

Rédigé par Nota Bene

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Publié le 7 Décembre 2023

L'arbre de Noël

C'est bientôt 𝒩𝑜𝑒̈𝓁. Sur les trottoirs, on se bouscule pour acheter son sapin. Dans une vitrine, il y en a un petit et maigrichon dont personne ne veut. Jusqu'à ce qu'un petit garçon l'emporte alors qu'on s'apprête à le jeter. Cet enfant, il vit dans la rue. Il installe son sapin sous un pont, près de son carton, et le décore de quelques bougies. Dans la nuit froide, des compagnons d'infortune le rejoignent et se mettent à chanter des chants de 𝒩𝑜𝑒̈𝓁. Les passants s'arrêtent et chantent à leur tour. Mais que va-t-il se passer pour notre petit sapin une fois la fête terminée ?

 

Voici un album de 𝒩𝑜𝑒̈𝓁 traduit de l'anglais qui nous raconte une histoire d'aujourd'hui faisant la part belle à l'idée de générosité. L'imparfait sapin et le petit garçon SDF sont mis en parallèle pour souligner que chacun mérite une digne place dans la société. Les illustrations, classiques, sont belles et délicates. J'ai toutefois trouvé le propos un peu triste et décevant : l'intérêt de la figure du SDF aurait été d'avoir un personnage qui n'agit pas comme la plupart d'entre nous en jetant le sapin après les fêtes mais au contraire qui cherche à faire perdurer la magie en plantant lui-même l'arbre dans un parc. Pourquoi ne pas avoir utilisé un enfant lambda vivant dans un maison chaleureuse ? Cela n'aurait pas changé grand chose à l'histoire. Cela aurait même permis une plus grande identification.

 

 

L'arbre de Noël
L'arbre de Noël

Publié le 3 Décembre 2023

Faites-les lire ! Pour en finir avec le crétin digital

 

𝗜𝗡𝗧𝗥𝗢𝗗𝗨𝗖𝗧𝗜𝗢𝗡 / 𝗣𝗥𝗢𝗣𝗢𝗦 𝗗𝗨 𝗟𝗜𝗩𝗥𝗘

 

Michel Desmurget est docteur en neurosciences et directeur de recherche à l'Inserm. Il est notamment l'auteur du livre La fabrique du crétin digital (2020) dans lequel il constatait l'ampleur de la consommation du numérique (smartphones, tablettes, télévision, etc.) par les nouvelles générations et pointait ses lourdes conséquences sur la santé, le comportement et les capacités intellectuelles.

 

Dans ce nouvel ouvrage, 𝗶𝗹 𝘀𝘆𝗻𝘁𝗵𝗲́𝘁𝗶𝘀𝗲 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝗹𝗲 𝗴𝗿𝗮𝗻𝗱 𝗽𝘂𝗯𝗹𝗶𝗰, 𝗻𝗼𝘁𝗮𝗺𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗹𝗲𝘀 𝗽𝗮𝗿𝗲𝗻𝘁𝘀, 𝗹𝗲𝘀 𝗰𝗲𝗻𝘁𝗮𝗶𝗻𝗲𝘀 𝗱'𝗲́𝘁𝘂𝗱𝗲𝘀 𝗾𝘂𝗶 𝗱𝗲́𝗺𝗼𝗻𝘁𝗿𝗲𝗻𝘁 𝗹𝗲𝘀 𝗯𝗲́𝗻𝗲́𝗳𝗶𝗰𝗲𝘀 𝗺𝗮𝘀𝘀𝗶𝗳𝘀 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗽𝗿𝗮𝘁𝗶𝗾𝘂𝗲 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗹𝗲𝗰𝘁𝘂𝗿𝗲 (sur papier). Pour Michel Desmurget, la lecture plaisir est un antidote majeur à l'émergence du "crétin digital". Aucun autre loisir (bien que certains aient des effets positifs, comme le jeu libre, notamment symbolique, ou la pratique d'un instrument) n'offrirait aux enfants un éventail de bienfaits aussi large, nourrissant les trois piliers fondamentaux de leur humanité : les aptitudes intellectuelles, les compétences émotionnelles et les habiletés sociales. Les études montrent en effet l'impact positif de la pratique de la lecture (qui inclut le fait d'entendre des histoires lues par un tiers) sur : le développement du langage, la culture générale, la créativité, l'attention, les capacités de rédaction, les facultés d'expression orale, la compréhension d'autrui et de soi-même, etc. Le but de Michel Desmurget en écrivant ce livre est de démontrer, en s'appuyant sur des centaines d'études scientifiques françaises et internationales, que 𝗹𝗮 𝗹𝗲𝗰𝘁𝘂𝗿𝗲 "𝗽𝗼𝘂𝗿 𝗹𝗲 𝗽𝗹𝗮𝗶𝘀𝗶𝗿" 𝗻𝗲 𝗰𝗼𝗻𝘀𝘁𝗶𝘁𝘂𝗲 𝗻𝘂𝗹𝗹𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝘂𝗻𝗲 𝗽𝗿𝗮𝘁𝗶𝗾𝘂𝗲 𝗲́𝗹𝗶𝘁𝗶𝘀𝘁𝗲 𝗺𝗮𝗶𝘀 "𝘂𝗻 𝗶𝗺𝗽𝗲́𝗿𝗮𝘁𝗶𝗳 𝗮𝗶𝗴𝘂 𝗱𝗲 𝗱𝗲́𝘃𝗲𝗹𝗼𝗽𝗽𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝗻𝗼𝘀 𝗲𝗻𝗳𝗮𝗻𝘁𝘀".

 

 

𝗦𝗢𝗠𝗠𝗔𝗜𝗥𝗘 / 𝗦𝗧𝗥𝗨𝗖𝗧𝗨𝗥𝗔𝗧𝗜𝗢𝗡 𝗗𝗨 𝗣𝗥𝗢𝗣𝗢𝗦

 

𝗗𝗮𝗻𝘀 𝘂𝗻𝗲 𝗽𝗿𝗲𝗺𝗶𝗲̀𝗿𝗲 𝗽𝗮𝗿𝘁𝗶𝗲 il expose le fait que les habitudes de lecture des jeunes générations sont en baisse et les conséquences qui en découlent sur les compétences scolaires. 𝗗𝗮𝗻𝘀 𝘂𝗻𝗲 𝗱𝗲𝘂𝘅𝗶𝗲̀𝗺𝗲 𝗽𝗮𝗿𝘁𝗶𝗲, il nous explique en quoi la lecture est une compétence complexe qui va au-delà du décodage. 𝗜𝗹 𝘀𝗼𝘂𝗹𝗶𝗴𝗻𝗲 𝗲𝗻𝘀𝘂𝗶𝘁𝗲 le rôle irremplaçable du milieu familial pour l'apprentissage et le maintien des habitudes de lecture. 𝗗𝗮𝗻𝘀 𝘂𝗻𝗲 𝗾𝘂𝗮𝘁𝗿𝗶𝗲̀𝗺𝗲 𝗽𝘂𝗶𝘀 𝗰𝗶𝗻𝗾𝘂𝗶𝗲̀𝗺𝗲 𝗽𝗮𝗿𝘁𝗶𝗲𝘀, il indique que la lecture favorise l'appropriation de connaissances complexes et énumère les bienfaits scientifiquement documentés de la lecture sur le développement intellectuel, émotionnel et social. Enfin, dans un (trop) court 𝗲́𝗽𝗶𝗹𝗼𝗴𝘂𝗲, Michel Desmurget rappelle que l'on ne devient pas lecteur par hasard mais par acculturation et qu'à défaut d'une solution miracle, il convient d'asseoir son "éducation à la lecture" sur trois piliers fondamentaux : la valorisation de l'activité, le développement du plaisir à pratiquer cette activité et la limitation de l'accès au numérique. Il conseille enfin 𝗱𝗲𝘂𝘅 𝗹𝗲𝘃𝗶𝗲𝗿𝘀 𝗽𝗿𝗮𝘁𝗶𝗾𝘂𝗲𝘀 𝗽𝗼𝘂𝗿 𝗮𝗻𝗰𝗿𝗲𝗿 𝗹𝗮 𝗹𝗲𝗰𝘁𝘂𝗿𝗲 𝗮𝘂 𝗰œ𝘂𝗿 𝗱𝗲𝘀 𝗵𝗮𝗯𝗶𝘁𝘂𝗱𝗲𝘀 𝗱𝗲 𝗹'𝗲𝗻𝗳𝗮𝗻𝘁 : 𝗷𝗼𝘂𝗲𝗿 𝗮𝘃𝗲𝗰 𝗹𝗲𝘀 𝘀𝗼𝗻𝘀 (en soutenant les apprentissages scolaires de manière ludique et informelle) 𝗲𝘁 𝗳𝗮𝘃𝗼𝗿𝗶𝘀𝗲𝗿 𝗹𝗮 𝗹𝗲𝗰𝘁𝘂𝗿𝗲 𝗽𝗮𝗿𝘁𝗮𝗴𝗲́𝗲 (en sollicitant de différentes manières la parole de l'enfant).

 

 

𝗣𝗥𝗜𝗦𝗘 𝗗𝗘 𝗡𝗢𝗧𝗘𝗦 / 𝗔𝗩𝗜𝗦

 

Il prêche une convaincue... mais quelle satisfaction tout de même de voir écrit noir sur blanc par un scientifique tout ce dont mes convictions sont faites. Voici quelques uns des nombreux éléments relevés au fil de ma lecture qui m'ont paru importants, parlants et à retenir. D'abord une bonne nouvelle : 𝗹𝗲𝘀 𝗲𝗻𝗳𝗮𝗻𝘁𝘀 𝗲𝘁 𝗮𝗱𝗼𝗹𝗲𝘀𝗰𝗲𝗻𝘁𝘀 𝗱𝗶𝘀𝗲𝗻𝘁 𝗮𝗶𝗺𝗲𝗿 𝗹𝗶𝗿𝗲 𝗲𝘁 𝗮𝗶𝗺𝗲𝗿 𝗾𝘂'𝗼𝗻 𝗹𝗲𝘂𝗿 𝗿𝗮𝗰𝗼𝗻𝘁𝗲 𝗱𝗲𝘀 𝗵𝗶𝘀𝘁𝗼𝗶𝗿𝗲𝘀. Il faut pourtant nuancer aussitôt : les enfants et adolescents des pays dits développés 𝗹𝗶𝘀𝗲𝗻𝘁 𝗱𝗲 𝗺𝗼𝗶𝗻𝘀 𝗲𝗻 𝗺𝗼𝗶𝗻𝘀 𝗲𝘁 𝗮𝘂𝘀𝘀𝗶 𝗱𝗲 𝗺𝗼𝗶𝗻𝘀 𝗲𝗻 𝗺𝗼𝗶𝗻𝘀 𝗯𝗶𝗲𝗻. Pour exemple, le nombre de mots lus par minute (en préservant la compréhension du texte) augmente avec l'âge et le niveau de compétence. En moyenne, un élève de Terminale lit 1,2 fois plus vite qu'un collégien de 6e (192 contre 165 mots par minute). Mais l'homologue de 1960 du lycéen lisait 237 mots par minute ! La question de la fluidité de la lecture n'est pas anecdotique (comme je pouvais le penser) : c'est un marqueur global de compréhension de textes et de réussite scolaire. En effet, on observe une corrélation entre les compétences en orthographe et la compréhension des textes. Plus un lecteur est compétent, plus sa vitesse de lecture est élevée et plus son orthographe est fiable. La société s'est adaptée en rognant sur les attendus scolaires et la complexité et la richesse lexicale des manuels et fictions adressés à la jeunesse.

 

L'auteur nous explique que la lecture est apparue après le langage oral donc que 𝗹𝗲 𝗿𝗲́𝘀𝗲𝗮𝘂 𝗻𝗲𝘂𝗿𝗼𝗻𝗮𝗹 qui permet la lecture est le fruit d'une adaptation génétique, d'où l'effort considérable que demande à chaque enfant le ciselage des maillages neuronaux. La première difficulté est 𝗹𝗲 𝗱𝗲́𝗰𝗼𝗱𝗮𝗴𝗲 (b et a font ba) puis la richesse lexicale et syntaxique de l'écrit, fabuleusement plus importante et subtile que l'oral. Apprendre à décoder c'est apprendre à extraire les régularités orthographiques. Les langues dites opaques compliquent à court terme l'acquisition du décodage tout en facilitant à long terme la fluidité de la lecture. Une langue opaque comme le français ou l'anglais c'est une langue où une lettre ou suite de lettres peut correspondre à des sons différents ("er" = fer ou manger) et où un son peut s'écrire de différentes manières ([ɛ] = gèle, seigle, merci, volley, est...). A l'inverse, l'italien, le grec ou encore le finlandais sont des langues transparentes où un phonème correspond à un graphème. Pour autant, plus un enfant lit, plus ses facultés de décodage se développent et s'automatisent.

 

Michel Desmurget explique évidemment tout cela de manière très détaillée. Il évoque à ce propos the fourth-grade slump ou "𝗹𝗮 𝗱𝗲́𝗴𝗿𝗶𝗻𝗴𝗼𝗹𝗮𝗱𝗲 𝗱𝘂 𝗖𝗠𝟭". Il a été démontré que la contribution du décodage à la compréhension passait de 27% au CE1 à 13% au CM1 et à 2% en 4e. Il est donc primordiale d'être vigilant tout au long de l'apprentissage pour soutenir (l'apprentissage du décodage et la découverte lexicale) sans pour autant décourager (en proposant trop vite des textes trop riches). Michel Desmurget cite par exemple l'incipit d'un roman de M. Morpurgo, Le lion blanc, jugé accessible dès 9 ans, dans lequel le vocabulaire peut s'avérer "trop" riche pour un lecteur récalcitrant. On y trouve en effet des mots comme : chatoyant, croupin, engelure, babines...

 

Autre élément relevé au cours de ma lecture : il y a en moyenne plus de 𝗿𝗶𝗰𝗵𝗲𝘀𝘀𝗲 𝗹𝗶𝗻𝗴𝘂𝗶𝘀𝘁𝗶𝗾𝘂𝗲 dans les livres jeunesse destinés aux moins de 5 ans que dans les échanges oraux les plus courants (discussions ou programmes TV, même dits "éducatifs"). Ainsi, Michel Desmurget conseille, pour assurer de bonnes fondations verbales à ses enfants, de leur parler tout de suite et beaucoup et de commencer tôt et finir tard à lire des histoires. Il a été mesuré que les bébés exposés à la lecture entre 3 et 6 mois ont de meilleures performances langagières à 5 ans. De même, les enfants de 4-5 ans privés de lecture partagée ont à 8-9 ans dix fois moins de chances d'être des lecteurs avancés et deux fois plus de risques de se retrouver en grande difficulté. Au-delà de la simple lecture, les parents qui, lisant un texte à leur progéniture, interrogent cette dernière sur la signification des mots et le sens de l'histoire, ne se contentent pas de soutenir le déploiement du langage et de l'attention ; ils inscrivent au cœur du cerveau de l'enfant toute une mécanique inconsciente d'évaluation du 𝗽𝗿𝗼𝗰𝗲𝘀𝘀𝘂𝘀 𝗱𝗲 𝗰𝗼𝗺𝗽𝗿𝗲́𝗵𝗲𝗻𝘀𝗶𝗼𝗻.

 

La lecture aide à construire sa pensée. Lire du contenu sur le web serait donc tout aussi bénéfique ? 𝗟𝗮 𝗰𝗮𝗽𝗮𝗰𝗶𝘁𝗲́ 𝗮̀ 𝘂𝘁𝗶𝗹𝗶𝘀𝗲𝗿 𝗹𝗲 𝗴𝗶𝘀𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 𝘁𝗿𝗲̀𝘀 𝗱𝗶𝗳𝗳𝘂𝘀, 𝗿𝗲𝗱𝗼𝗻𝗱𝗮𝗻𝘁 𝗲𝘁 𝗺𝗼𝗿𝗰𝗲𝗹𝗲́ 𝗱'𝗶𝗻𝗳𝗼𝗿𝗺𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻𝘀 𝘀𝘂𝗿 𝗹𝗮 𝘁𝗼𝗶𝗹𝗲 𝗱𝗲́𝗽𝗲𝗻𝗱 𝗲𝗹𝗹𝗲 𝗮𝘂𝘀𝘀𝗶 𝗱𝗲 𝗹𝗮 𝗰𝗮𝗽𝗮𝗰𝗶𝘁𝗲́ 𝗮̀ 𝗹𝗶𝗿𝗲 𝗲𝘁 𝘀𝗲 𝗿𝗲𝗽𝗲́𝗿𝗲𝗿 𝗱𝗮𝗻𝘀 𝘂𝗻 𝗹𝗶𝘃𝗿𝗲. Michel Desmurget développe ce point vers la page 234. Sur le net, le détail et le fondamental se côtoient et les fake news se mélangent au véridique. Chaque requête engendre une montagne de réponses que l'internaute doit trier et évaluer. En cela, les livres sont moins exigeants pour le lecteur au sens où ils font peser le travail de structuration sur l'auteur. Les livres minimisent les risques de distraction et favorise une représentation mentale des éléments énoncés, donc une meilleure compréhension et une meilleure mémorisation. De plus, selon lui, tous les documents ne se valent pas : les livres de fiction ont un impact très positif sur le déploiement intellectuel, les journaux d'information un impact moindre, les magazines et bandes dessinées un impact neutre voire négatif en ce qui concerne la lecture sur écran. On peut noter que l'imagerie cérébrale a révélé les ravages des 𝗲́𝗰𝗿𝗮𝗻𝘀 sur la mise en place des réseaux cérébraux du langage. L'objet-livre et sa comparaison avec son compère numérique est également traitée de manière tout à fait juste.

 

Un des grands avantages de la lecture c'est qu'elle développe 𝗹𝗲𝘀 𝗮𝗽𝘁𝗶𝘁𝘂𝗱𝗲𝘀 𝘀𝗼𝗰𝗶𝗼-𝗲́𝗺𝗼𝘁𝗶𝗼𝗻𝗻𝗲𝗹𝗹𝗲𝘀. Éprouver les émotions des personnages, par exemple la trahison, ce n'est pas juste la comprendre, comme on lirait la définition du mot dans un dictionnaire, mais en faire l'expérience, à travers les actes, pensées et émotions du traître et du trahi. D'un point de vue cérébral, lire un mot comme "vomi" active l'aire cérébrale du dégoût. De même que le mot "sonnette" active l'aire du traitement des sons. On remarque aussi qu'il y a en littérature environ deux fois plus de descriptions d'émotions complexes (désespoir, soulagement, anxiété, irritation, fierté, intérêt...) que dans les échanges oraux (TV + radio). Ainsi, les livres développent l'empathie et la théorie de l'esprit. 𝗟'𝗲𝗺𝗽𝗮𝘁𝗵𝗶𝗲 c'est le processus de reconnaissance et de partage de l'état cognitif et / ou affectif. Il existe notamment dans les livres pour enfant une forte concentration de termes et descriptions socio-émotionnelles (heureux, triste, accablé, espérer, imaginer...) : dans près d'une phrase sur trois ! 𝗟𝗮 𝘁𝗵𝗲́𝗼𝗿𝗶𝗲 𝗱𝗲 𝗹'𝗲𝘀𝗽𝗿𝗶𝘁 c'est la capacité à deviner ce qu'une autre personne est en train de penser (prendre en compte des croyances différentes ou comprendre que quelqu'un peut, à dessein, cacher ses émotions). C'est d'autant plus important à savoir que des analyses montrent, nous dit Michel Desmurget, l'existence d'une dynamique d'augmentation du narcissisme et de déclin de l'empathie depuis les années 1980.

 

Michel  Desmurget souligne qu'une méta-analyse récente "confirme que le simple fait d'𝗼𝗳𝗳𝗿𝗶𝗿 𝗱𝗲𝘀 𝗹𝗶𝘃𝗿𝗲𝘀 à des élèves accroît, quel que soit l'âge, la motivation à lire, le volume de pratique et le niveau de performance." il est aujourd'hui établi que le nombre d'ouvrages disponibles au sein d'un foyer est un prédicteur du devenir académique des enfants. Une large bibliothèque révèle l'importance que les parents accordent à la culture littéraire et à sa transmission ; même si en matière de lecture, rien ne remplace la persévérance. Un gros lecteur (= 31 min. / jour en moyenne) lit autant en 100 jours qu'un petit lecteur (1,8 min. / jour) en 10 ans.

 

𝗣𝗼𝘂𝗿 𝘁𝗲𝗿𝗺𝗶𝗻𝗲𝗿, 𝘃𝗼𝗶𝗰𝗶 𝗰𝗲 𝗾𝘂'𝗶𝗹 𝗳𝗮𝘂𝘁 𝗿𝗲𝘁𝗲𝗻𝗶𝗿 𝗲𝘁 𝗲𝗻𝘁𝗿𝗲𝗽𝗿𝗲𝗻𝗱𝗿𝗲 𝗲𝗻 𝘁𝗮𝗻𝘁 𝗾𝘂𝗲 𝗽𝗮𝗿𝗲𝗻𝘁 : 

  • 𝗩𝗔𝗟𝗢𝗥𝗜𝗦𝗘𝗥 𝗹𝗮 𝗹𝗲𝗰𝘁𝘂𝗿𝗲 : encourager, féliciter, dire l'importance mais aussi montrer l'exemple : lire soi-même, leur lire des histoires, les emmener en bibliothèque et librairie, posséder des livres...
  • 𝗗𝗘𝗩𝗘𝗟𝗢𝗣𝗣𝗘𝗥 𝗟𝗘 𝗣𝗟𝗔𝗜𝗦𝗜𝗥 𝗱𝗲 𝗹𝗶𝗿𝗲 : leur lire des histoires et surtout poursuivre au-delà des premières acquisitions de décodage du CP. J'évoquais ces idées dans un article en avril 2020 : Mes 5 astuces pour faire de son enfant un lecteur.
  • 𝗟𝗜𝗠𝗜𝗧𝗘𝗥 𝗹'𝗮𝗰𝗰𝗲̀𝘀 𝗮𝘂 𝗻𝘂𝗺𝗲́𝗿𝗶𝗾𝘂𝗲 : ne pas dire "Si tu lis un peu tu auras le droit de..." mais plutôt se mettre d'accord avec l'enfant sur un temps / rythme de visionnage d'écran raisonnable ; au pire interdire et laisser le choix entre ne rien faire, faire la vaisselle et lire : le cerveau humain a horreur de l'ennui 😊

 

Ce compte-rendu n'est bien sûr pas exhaustif et survol de multiples notions. Toute une partie consacrée à l'apprentissage du décodage est notamment particulièrement intéressante. Y sont détaillées les notions de VWFA (Visual Word Form Area), phonèmes, lettres hétéromorphes, conscience phonologique, etc. Michel Desmurget propose une présentation de son sujet claire, structurée et très intéressante. Je ressors de cette longue lecture à la fois plus riche de connaissances, rassérénée au sujet de l'importance accordée à cette passion au cœur de ma vie et de mon métier mais aussi, il faut l'avouer, un peu alarmée par certains constats détaillés. J'ai tous les jours face à moi des adolescents qui lisent de moins en moins et un fils à la charnière du décodage et de la "véritable" lecture. 𝗗𝗲 𝗾𝘂𝗼𝗶 𝗻𝗼𝘂𝗿𝗿𝗶𝗿 𝗺𝗮 𝗿𝗲́𝗳𝗹𝗲𝘅𝗶𝗼𝗻, 𝗺𝗮 𝗽𝗿𝗮𝘁𝗶𝗾𝘂𝗲 𝗾𝘂𝗼𝘁𝗶𝗱𝗶𝗲𝗻𝗻𝗲 𝗲𝘁 𝗺𝗼𝗻 𝗽𝗹𝗮𝗶𝘀𝗶𝗿 𝗱𝗲 𝗹𝗶𝗿𝗲.

 

[...] "intellos". Mot qui, pour nos enfants, relève dorénavant quasiment de l'insulte. Une évolution dont Ray Bradbury, auteur du mythique Fahrenheit 451, pressentait déjà l'inéluctabilité, dès le début des années 1950, lorsqu'il faisait dire à l'un de ses personnages : "Pourquoi apprendre quoi que ce soit quand il suffit d'appuyer sur des boutons, de faire fonctionner des commutateurs, de serrer des vis et des écrous ?"

Le décodage est au lecteur ce que la raquette est au tennisman : un élément essentiel mais inapte à fonder l'expertise.

L'écrit est un langage à part, plus riche, divers et subtil que l'oral.

[...] Je pense qu'il est temps de renouer avec le mot. Je suis aussi coupable que quiconque d'avoir exalté l'image au détriment du mot. Mais seule une génération de lecteurs engendrera une génération d'écrivains.

Citation de S. Spielberg en 1987

[...] les libraires et bibliothécaires peuvent être ici* d'un grand secours, par leurs compétences (à chacun son métier), mais aussi leur patience, souvent remarquable !

* pour le choix d'un livre

Plus l'enfant est entouré de livres et de lecteurs, plus il a de chances de lire, de lire précocement, de lire beaucoup et, au bout du compte, de lire efficacement.