Publié le 29 Janvier 2021

Comme j'ai déjà pu le dire, une librairie c'est une grotte pleine de trésors, de laquelle mon petit cœur de lectrice ne ressort pas indemne et de laquelle mes mains ont du mal à ressortir vides. Un passage en librairie c'est l'occasion de craquer... ou pas. Voici un aperçu de ce que j'ai feuilleté lors de ma dernière incursion.

 

 

 

J'ai bien aimé :

 

Un goûter parfait de Chinatsu Watanabe [2021] : un album à découvrir en format paysage pour voir se refléter des illustrations dans le miroir et observer ainsi des scènes en trois dimensions. En réalité je suis en peu sceptique mais je pense qu'il y a une idée à mieux exploiter.

 

Couverture de « Un goûter parfait »

 

 

Il était une fois le feu des dragons de Béatrice Blue [2020] : un conte sur l'amitié, la bienveillance et la confiance en soi, aux illustrations joliment colorées.

 

 

 

 

Je suis tombée sous le charme de :

 

Je t'aime à chaque instant de Suzanne Bogeat et Maureen Poignonec [2021] : un album aux tons doux et aux reflets argentés pour le récit tout en tendresse de ce par quoi les parents témoignent de l'amour à leurs enfants au quotidien. Dans la lignée de Mon amour ou Une maman c'est comme une maison.

 

Je t'aime à chaque instant – Album Jeunesse – À partir de 3 ans

 

 

Le rouge à lèvres de Laura Dockrill et Maria Karipidou [2021] : un album irrésistiblement drôle où un petit garçon nous raconte comment il en est arrivé à redécorer sa maison avec le rouge à lèvres de sa maman.

 

Le rouge à lèvres

 

 

 

Je suis repartie avec :

 

Mon coup de cœur (paru en septembre dernier chez Little Urban) : La plus belle crotte du monde de Marie Pavlenko et Camille Garoche, qui sera bientôt chroniqué sur le blog !

 

 

 

 

Et vous, vos dernières trouvailles ?

 

 

Publié le 28 Janvier 2021

Un gâteau au goûter

Voici un album que mon grand a adoré découvrir à l'école puis me faire connaître au détour des rayonnages de la médiathèque. Et j'ai été conquise également ! Les dialogues y sont savoureux. Christian Voltz, connu pour son univers graphique particulier et ses illustrations faites de bric et de broc (de fil de fer, de boutons et de boulons) met ici en scène monsieur Anatole. Ce dernier a invité demoiselle Blanche pour le goûter mais il ne parvient pas à réaliser sa recette. "C’est pourtant très simple ! dit le cochon qui vient l’aider : pour un gâteau qui épate, mets-y quelques patates !" Plusieurs animaux vont ainsi apparaître et lui conseiller leur ingrédient fétiche. Mais quand la mouche y va de son osée proposition, Anatole dit stoppe. Le résultat sera pour le moins... surprenant ! Mais que va donc bien pouvoir en penser leur invitée ? Christian Voltz nous régale d'une histoire irrististiblement drôle, écrite sur le mode de l'accumulation qui fonctionne si bien avec les plus jeunes.

 

Un gâteau au goûter
Un gâteau au goûter
Un gâteau au goûter
Un gâteau au goûter

Publié le 27 Janvier 2021

Le livre qui dort

Décidément, en ce moment, le hasard nous porte vers des albums ludiques et fonctionnant sur le ressort de l’interactivité. Après Au lit, mon Petit Loup ! et Au bain, Petit Lapin ! nous avons également emprunté Le livre qui dort (présenté ici en vidéo) à la médiathèque de notre quartier. En revanche, il est peut-être mieux adapté à des enfants plus grands (environ 3 ans). Nous avions déjà croisé Le livre en colère et Le livre amoureux il y a longtemps. Ici, le livre est prêt à s'endormir. Il va nous falloir l'aider à fermer les yeux en s'assurant que tout va pour le mieux. Grâce à un jeu entre texte et illustrations, l'enfant devient acteur à part entière de l'histoire et participe aux rituels du soir (brossage des dents, câlin...). J'ai toutefois trouvé compliqué de comprendre à qui le livre s'adresse : au lecteur ou à la petite souris représentée sur la page de gauche ? De même, on demande au lecteur adulte d'indiquer à l'enfant telle question à poser au livre pour ensuite formuler la réponse du livre lui-même. Cela manque de clarté. Et de drôlerie. Une impression mitigée donc.

 

Publié le 26 Janvier 2021

Gros pipi

Voici un album signé Émile Jadoul, dont je connaissais déjà Papa-île. Ici l'auteur aborde les thèmes de l'acquisition de la propreté nocturne et de l'autonomie. Un petit pingouin a envie de faire pipi la nuit. Alors, il appelle et réveille sa maman. Elle se lève et l'accompagne aux toilettes. Un peu plus tard dans la nuit, petit pingouin a de nouveau besoin de se rendre aux toilettes. Alors, il appelle et réveille son papa. Chaque nuit, c'est comme ça. Si bien que papa et maman sont fatigués ! Sa maman lui dit un soir : "Tu sais mon Léon, pendant la nuit, les grands pingouins comme toi, ils vont faire pipi tout seuls. Tu vas essayer ?". Alors, la nuit suivante, petit pingouin, hésitant, se rendra tout seul aux toilettes, comme un grand ! Et que fera-t-il pour partager sa fierté nouvelle ? Une chute drôle et pleine de tendresse pour cet album réussi qui a le mérite de traiter de la propreté sous l'angle de l'autonomie d'un enfant qui se passe déjà des couches et du pot et qui maîtrise déjà la propreté diurne. Juste un bémol au niveau des illustrations qui méritaient un peu plus de peps (pourquoi pas des aplats de couleurs vives, des symboliques dans la décor...).

 

Gros pipi
Gros pipi

Publié le 25 Janvier 2021

Au bain, Petit Lapin !

Après Sèche tes larmes, Petit Lapin ! (de Jörg Mühle, dans la collection Pastel de L'école des loisirs) nous avons emprunté à la médiathèque cette déclinaison tout aussi chouette. Cet album cartonné propose, sur le même principe d'interactivité que le précédent, de charger le petit lecteur d'environ deux ans du bain de Petit Lapin. Dès la première page, le lecteur est sollicité : le bain est prêt mais Petit Lapin n'est pas là. Il faut donc l'appeler. Il apparaît à la page suivante. Par la suite, il va falloir l'aider à se savonner, se rincer, se sécher, etc. Le lecteur est amené à agir de différentes façons : il doit frotter, apposer ses mains sur le livre, produire des sons, etc. Tout l'intérêt réside dans la capacité du petit lecteur à s'identifier et à agir. Les illustrations sont simples, vives et centrées sur le personnage. C'est mignon et amusant et permet éventuellement de dédramatiser le moment du bain pour des enfants peu à l'aise avec ce rituel.

 

Au bain, Petit Lapin !

Publié le 22 Janvier 2021

Merci aux éditions Autrement pour le partage de ce roman

 

qui vient tout juste de paraître

 

 

 

Besoin de douceur, de contenir la violence enfermée dans ces pages...

Besoin de douceur, de contenir la violence enfermée dans ces pages...

Une gifle, c'est bien à cela que s'apparente ce roman. Un récit croisé des enfances d'un homme et d'une femme tous les deux marqués par des violences et des humiliations. Arrivés à l'âge adulte, ils se rencontrent et tombent amoureux. Mais après une période de plénitude, l'orage va commencer à gronder sur leur petit nuage. De 1976 à 2019, nous suivons principalement le parcours chaotique d'Antoine, élevé par un père colérique, méprisant et violent et une mère soumise. Perclus de coups, de sévices, de silences dédaigneux et même violé, Antoine survivra grâce à un placement en internat. Il y connaîtra les premières soirées arrosées et fiévreuses. Il prendra l'habitude de faire le mur pour s'échapper dans les nuits parisiennes survoltées. Pour autant, avec sa volonté de réussir pour prouver à son père qu'il peut devenir quelqu'un de brillant, il deviendra médecin. Il continuera à se droguer et à boire quotidiennement, pour échapper à sa souffrance et recouvrir son mal-être d'un manteau de silence et d'esbrouffe. Il y aura beaucoup de plans d'un soir. Et il y a aura Chloé. L'amour. "Chloé n'a pas seulement un visage magnifique, et des jambes incroyables, elle a une voix très douce, aussi. Elle sent bon, elle me fait du bien, à son contact je suis complètement con." Et puis le drame : ils ne seront pas capables d'assumer ensemble l'enfant qui va naître, Oscar. "Après tout ça, après eux, j'ai voulu autre chose. Je ne l'ai pas cherché, je n'aurais pas su comment faire, mais c'est arrivé. j'ai rencontré quelqu'un de différent, et ça a pris entre elle et moi. Je n'ai plus d'insomnies." Le renouveau a lieu pour Antoine à 50 ans : il les rencontre elle et son fils, Mio. C'est une période de plénitude, un amour passionnel. Pourtant, elle aussi a subi des sévices, des humiliations, en est venue à se faire vomir chaque jour. "Elle vomit, chaque repas, chaque injustice, chaque contrariété. Elle vomit deux à cinq fois par jour depuis quelques années déjà. Elle se déleste, mais de quoi ?" Elle sait encaisser en silence. Mais une gifle sera le geste de trop.

 

J'ai aimé ce livre pour comprendre ce que peut-être une enfance placée sous le signe de la violence plus ou moins ordinaire. Pour comprendre en quoi l'histoire individuelle façonne le parcours sentimental. C'est fin et sensible. En revanche, j'ai eu du mal à ne pas trouver parfois que l'auteur nous forçait à un certain voyeurisme : une façon de nous ouvrir les yeux sur les traumatismes réels que peuvent subir certains enfants sans doute. L'écriture, parfois vulgaire parce qu’imbibée des pensées des personnages, se déverse en flots continus. Divisé en trois partie, le récit possède heureusement quelques respirations grâce aux interventions de Mio à la fin du livre. Pas de pudeur : c'est à la fois ce qui dérange et ce qui fait la force de ce roman de Marie Simon. Il semble nécessaire pour prendre conscience du combat à mener pour éviter à des adultes d'être prisonniers des peurs et conditionnements hérités de l'enfance. Au travers des parcours singuliers présentés dans ce livre, Marie Simon nous offre des pistes pour dépasser les blessures et vivre enfin avec du respect pour soi-même.

 

C'est un détail si minuscule, mais elle ne pense qu'à ça. Elle pense aux photos qu'elle a faites ces deux dernières années, qui dorment dans son smartphone. Tout de suite, dans le taxi, elle pense à la douleur que ça pourrait provoquer de tomber dessus, sans le faire exprès. Alors qu'elle aurait fait le plus dur avec facilité, elle retomberait sur une photo de la famille, et alors ? Elle s'effondrerait, sûrement. Elle a fixé des centaines de moments de bonheur, de surprises, de choses qui se périment. Les enfants, des manèges, des vues sur la mer, Antoine dans le sable, leurs pieds emmêlés, des draps défaits qui recouvraient leurs corps une seconde plus tôt. Elle les a prises pour y croire toujours, sur le moment. Et maintenant, que faire de ces centaines de clichés heureux [...] ?

Que faire en sachant qu'elles sont là ? C'est à ça qu'elle pense, elle est en train de s'échapper, on ne sait de quoi, on ne sait comment, c'est trop frais, et elle a peur d'être retenue par ces photos. Alourdie, prise de regrets, rappelée par les preuves immortalisées chaque jour que cela existe pour de vrai, l'amour heureux, le quotidien partagé, la famille rêvée, les projets réalisés. Face à des centaines de photos, visibles instantanément, comment se souvenir qu'elle a eu raison de quitter l'homme qu'elle aime ?

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

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