Publié le 17 Avril 2023

Tibi la blanche

Voici un roman qui nous plonge dans les rues dakaroises à hauteur de cœur de trois lycéens dans l'attente des résultats du baccalauréat. Issa a passé les épreuves avec un Bic marabouté qui donne la confiance, aime les ragots du quartier et sa machine à coudre. Il veut devenir styliste. Neurone est une bête à concours qui déteste pourtant les costumes-cravates. Il rêve de se marier avec Tibilé. Même si elle le voulait, Tibi, elle, ne pourrait pas s'unir à un garçon comme Neurone qui n'est pas de la même ethnie que celle de sa famille. Elle vise une mention au baccalauréat, seule condition à laquelle elle pourra réaliser son rêve de s'envoler pour Paris.

 

On cerne ainsi une jeunesse sénégalaise aux prises avec des croyances et coutumes ancestrales (mariages arrangés notamment) et des revendications modernes (s'émanciper de sa famille, de son milieu, du pouvoir de l'administration...). J'ai plutôt aimé le style, qui plonge le lecteur dans l'atmosphère africaine avec du vocabulaire exotique tel que : le thiep (plat traditionnel), le corossol (arbre fruitier), le jus de bissap, le Mbalax (musique populaire), les tic tic (chaussures type méduses), etc. Mention spéciale pour le passage où il est question du voyage d'un sms envoyé depuis le lit de Neurone jusqu'à Tibi. En revanche, je reste dubitative sur le propos un brin pessimiste et peu clair et le peu de péripéties au regard de ce que semblait nous indiquer la quatrième de couverture.

Le lycée Abdoulaye-Sadji de Rufisque a la peau qui pèle. La peinture du bâtiment s'écaille comme celle d'un vieux colon qui n'a pas mis de crème solaire.

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

Partager cet article

Publié le 14 Avril 2023

On peut appeler cela de la facilitation graphique, de la pensée visuelle ou encore du sketchnoting. On s’y met cette année au CDI en français, en anglais et même en espagnol !
On peut appeler cela de la facilitation graphique, de la pensée visuelle ou encore du sketchnoting. On s’y met cette année au CDI en français, en anglais et même en espagnol !

On peut appeler cela de la facilitation graphique, de la pensée visuelle ou encore du sketchnoting. On s’y met cette année au CDI en français, en anglais et même en espagnol !

Publié le 13 Avril 2023

Junk food : les dessous d'une addiction

Voici une bande dessinée documentaire proposant une compilation de témoignages de victimes d'addiction à la malbouffe, c'est à dire à de la nourriture de qualité médiocre, produite industriellement et concentrant notamment de fort taux de sucre et de gras. On connaît globalement les effets néfastes d'une consommation excessive de produits alimentaires industriels d'un point de vue diététique. L'obésité, le diabète, l'hypertension sont des exemples de dysfonctionnements sanitaires qui peuvent découler de la consommation de junk food. Mais plus que les compositions alimentaires industrielles ou les stratégies marketing des marques, c'est ici l'aspect addictif de ces produits alimentaires saturés en sucre et en gras que les auteurs Emilie Gleason (autrice de BD, illustratrice) et Arthur Croque (journaliste, scénariste) ont souhaité traiter. Ainsi, le lecteur se retrouve confronté à des personnages souffrant d'anorexie, de boulimie, d'obésité morbide.

 

Cela commence par l’histoire des trois groupes de rats. Celui à qui on ne donne que des saucisses et du bacon ; celui qui aura droit aux bonbons et aux sodas ; et celui qui ne sera nourri que de cheesecakes. Passée cette introduction scientifique, nous faisons la connaissance de Zazou, jeune étudiante outrée par le résultat du questionnaire de l'organisation Food addicts qu'elle vient de remplir. Elle fait la rencontre de Bambi qui tente de la convaincre d'assister à une réunion organisée par l'association (très spéciale d'ailleurs, dans le genre activisme catholique américain). D'abord réticente, Zazou finit par accepter.

 

Le graphisme burlesque et très coloré apporte du dynamisme et une certaine légèreté au récit. Les couleurs acidulées nous happent. Pour autant, le style, ébouriffant, est aussi assez vulgaire. Je comprends que les dessins distendus, la personnification de certains aliments et les déformations des personnages sont liés à leur régime alimentaire hors norme et aux corps difforment qu'ils pensent parfois avoir, mais tout cela est tout de même déstabilisant et peu à mon goût. Les bulles ne sont pas toujours bien ordonnées et les prises de paroles souvent familières. Nous ne sommes pas sur le même registre que Marion Montaigne ou Christophe Blain.

 

Le propos est intéressant mais un peu noyé par la collection de cas particuliers évoqués. De même, on peut s'interroger sur le fait que les victimes de la malbouffe auraient pu l'être de la drogue ou de l'alcool pareillement, leurs troubles du comportement alimentaire étant liés à des difficultés psychologiques. Une particularité de l'addiction à la nourriture semble tout de même être l'adéquation délicate à trouver entre l'irrépressible envie d'engloutir une grande quantité de malbouffe et le besoin de contrôle pour se conformer aux attentes des représentations sociales accrues par la mise en scène sur les réseaux sociaux.

 

De façon plus générale, le récit invite à nous interroger sur nos pratiques alimentaires. Un questionnaire pour se situer sur ce sujet est d'ailleurs bienvenu. Malheureusement, peu de clés sont données pour nous aider à infléchir nos habitudes de consommation. On aurait pu ainsi évoquer des façons de se faire gustativement plaisir sans y perdre notre santé : remplacer la pizza industrielle par la pizza faite maison, privilégier du fromage blanc citronné plutôt que des sauces industrielles, sucrer un gâteau avec de la banane plutôt que du sucre en poudre, etc. J'ai donc apprécié lire cette bande dessinée mais y appose plusieurs bémols et suis preneuse d'autres références sur ce sujet du mieux manger.

Avec ses tonnes de sucre, ses protéines fumantes et son fromage fondu, la malbouffe affole le cerveau comme le sexe ou la cigarette, provoquant plaisir, réconfort, mais aussi dépendance.

Junk food : les dessous d'une addiction
Junk food : les dessous d'une addiction

Publié le 10 Avril 2023

Toute petite

Merci aux éditions Mijade pour le partage de cet album

 

Voici un album dans lequel la jeune narratrice nous présente Toute Petite, sa poupée-doudou dont elle ne se sépare jamais. Mais le jour où sa copine Amélie arrive au parc avec son nouveau compagnon Mimi, un adorable chiot qui montre un peu trop d'intérêt pour sa Tout Petite, elle préfère mettre son doudou en sécurité en haut du toboggan. Toute occupée à jouer avec ses amis et le chiot, la petite fille ne se rend pas compte qu'elle quitte le parc sans son doudou. Quand, à la nuit tombée, elle y retourne en compagnie de son père, il leur est impossible de remettre la main sur la poupée. Ici pas de retrouvailles soulagées ou de nouveau doudou qui viendrait remplacer la perte du premier. On expose simplement le fait que cela puisse arriver, que c'est triste mais pas insurmontable. J'avoue que j'ai été un peu surprise et désemparée à la lecture de l'album. D'ailleurs, ma fille ne m'a pas demandé de relire ce livre depuis. Elle a verbalisé un espoir à la dernière page du livre : "Peut-être qu'elle est dans le jardin et que la petite fille va la retrouver bientôt". Le récit se constitue de peu de texte mais de douces illustrations, notamment du jardin et du parc, qui disent le temps qui passe et cicatrise les blessures. Un sujet pas très joyeux, à aborder à partir de 4 ans environ, qui peut permettre d'adoucir la peine d'un enfant qui se trouverait dans le cas de la narratrice.

 

Toute petite
Toute petite
Toute petite

Publié le 5 Avril 2023

La couleur des choses

Voici une bande dessinée mise en lumière au dernier Festival d'Angoulême qui surprend par son originalité graphique et offre une expérience de lecture visuelle inédite. Martin Panchaud et les éditions ça et là bousculent les habitudes des lecteurs en nous racontant l'histoire de Simon, jeune adolescent anglais qui, suite à la consultation d'une voyante, mise les pauvres économies familiales lors d'une course hippique et gagne le gros lot. Il ne pourra encaisser ses gains que si l'un de ses parents signe le ticket. Entre-temps, sa mère est tombée dans le coma et son père a disparu. L'histoire est intégralement dessinée en vue plongeante, sans perspective, et tous les personnages sont représentés sous forme de cercles de couleur. Mêlant infographies, pictogrammes, plans architecturaux, esthétique de certains jeux vidéos, le roman graphique étonne et, contre toute attente au vue de la représentation des personnages, captive. Il nous propulse dans des péripéties mélodramatiques absurdes et des dialogues bien sentis, à la Tarantino. Dans une certaine mesure, les échanges entre les personnages sont vides de sens mais permettent de travailler le suspens pour mieux faire éclater la violence. L'expérience est ludique, d'autant que Martin Panchaud interpelle le lecteur, par exemple en introduisant un personnage aussi imposant que déconcertant : "Ne souriez pas, elle jouera un rôle de premier plan dans la suite de l'histoire". On note également des références à la pop culture (Star Wars par exemple). Récit d'apprentissage, road-trip, drame familial, polar, le récit de Martin Panchaud est tout cela à la fois et par-dessus tout un roman graphique à la forme novatrice, à découvrir.

La couleur des choses
La couleur des choses
La couleur des choses

Publié le 3 Avril 2023

Où sont cachés le lapin et les œufs de Pâques ?

Voici un livre-jeu avec de grandes illustrations double-page sur le thème de Pâques et des contes de fées dans lesquelles les petits lecteurs sont mis à contribution. Ils doivent dans chacune d'entre elles retrouver Choco le lapin de Pâques, dix œufs colorés mais aussi un petit poussin qui sort de sa coquille au fil des pages. Et ce n'est pas tout, une fois arrivés à la fin du livre où se trouve les solutions, les lecteurs peuvent de nouveau feuilleter l'album et partir à la recherche d'éléments propres à chaque univers : la pantoufle de Cendrillon, la lampe à huile des sept nains, un panneau indicateur, etc. A la fois référencées et accessibles, les illustrations foisonnantes occuperont vos petits, que Pâques se déroule sous le soleil... ou la pluie !

Où sont cachés le lapin et les œufs de Pâques ?