Publié le 28 Juin 2019

Les 6 livres que j'ai préféré lire durant cette année scolaire

(dans le désordre)

 

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Pour continuer d'ajouter des titres à votre sac de plage

vous pouvez consulter ma liste de l'année dernière ici !

 

Et vous, quel serait votre coup de cœur de l'année scolaire ?

 

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

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Publié le 27 Juin 2019

 

C'est par hasard, le voyant mis en avant sur la table des nouveautés de la médiathèque, que j'ai découvert ce livre et à travers lui son auteur Julien Blanc-Gras, qui m'était jusqu'ici inconnu. C'est avec plaisir que je continuerai à m'aventurer dans ses écrits à l'avenir. 

 

Dans ce livre, chronique d'une paternité naissante, il nous fait part de ses réflexions de jeune papa inquiet du monde dans lequel évolue désormais son fils, dans le Paris résilient des années 2015-2018. En parallèle, il progresse dans la lecture des carnets de guerre de ses deux grands-pères, qui ont combattu lors de la Seconde Guerre mondiale. Il nous en livre des extraits et les commente. Cet exercice lui permet de s’interroger sur l'héritage familial, la transmission.

Pour rendre hommage à [l'histoire] de mes aïeux, je ne peux qu'offrir ce petit mausolée de papier, qui sera remis à la génération suivante.

Ce livre lui permet d'évoquer également les premières années de son petit garçon, entre anecdotes amusantes, quotidien parfois épuisant voire pathétique mais aussi merveilleux de progrès. J'ai adoré et adhéré aux réflexions actuelles sur la parentalité et la transmission, l'histoire personnelle de l'auteur rejoignant évidement l'universalité de la condition parentale. Le propos est à la fois joyeux, angoissé, drôle et sérieux. C'est toujours d'une profonde sincérité et d'un optimisme mesuré. Ce n'est pas d'un égocentrisme exacerbé qui aurait pu tout gâcher. La gorge du lecteur est tour à tour serrée ou déployée par le rire.

Nous étions en plein "terrible two", la fameuse phase des deux ans durant laquelle l'enfant s'affirme en défiant l'autorité, en s'immisçant dans les moindres failles de la muraille parentale. Il refusait d'entrer dans son bain, puis refusait de sortir de son bain. Chaque étape du quotidien pouvait engendrer un casus belli.
[...]
Son besoin d'opposition était d'autant plus épuisant qu'il ne s'activait qu'avec ses parents. Il se montrait angélique avec les autres adultes. Quand il tapait un scandale dans la rue (parce qu'une voiture rouge venait de passer alors qu'il préférait les voitures bleues), j'étais tenté de demander de l'aide à des passants pour le sermonner à ma place avec plus d'efficacité. "Je vous en supplie, maîtrisez cet individu. Tenez, je vous file 10 euros."
[...]
Avant, quand je voyais des gens s'énerver sur leur enfant dans la rue, je secouais la tête en pensant 'Allons, allons, ce n'est pas comme ça qu'il faut faire.' Depuis que je suis passé par là, j'ai envie de leur taper fraternellement sur l'épaule : "Lâche rien".

Dans une dizaine d'années, ce petit être qui murmure "coucou papa" au réveil sera un adolescent qui écoutera de la musique pourrie, se branlera trois fois par jour, emploiera des expressions que je ne comprendrai pas, me considérera comme un vieux schnoque ; et je l'aimerai comme au premier jour.

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

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Publié le 26 Juin 2019

En ce mercredi, jour des enfants,

retour sur la lecture d'un album jeunesse :

la suite de L'enfant et la baleine

et de L'enfant, la baleine et l'hiver

 

 

L'année scolaire est terminée. Le papa de Noé conduit ce dernier jusqu'à la minuscule île, le "rocher" même, où vit sa grand-mère, afin d'y passer une partie des grandes vacances. Noé n'est pas spécialement enthousiaste à l'idée de côtoyer cette étrange grand-mère qui enlève ses dents pour dormir et répare des filets de pêche plutôt que de jouer avec lui. Le jeune garçon s'ennuie et décide d'explorer les alentours... mais une tempête se lève et l'empêche de rentrer. Ce nouvel opus évoque l'esprit d'aventure des enfants et le lien intergénérationnel avec à nouveau beaucoup de tendresse. C'est plus drôle et léger aussi. Les couleurs sont plus vives que dans le précédent album et cela fait du bien. Là encore, la nature et la faune en particulier ont leur importance. En refermant le livre, on a envie de rejoindre Noé et sa grand-mère sur leur petit rocher perdu au bout du monde.

Grand-mère habitait loin. Elle vivait sur un petit rocher battu par les vents, où les brins d'herbe poussaient couchés. Personne ne venait jamais la voir, à part quelques oiseaux déposés là par la brise et les bourrasques.

heart

Publié le 25 Juin 2019

Lecture du dernier roman en date de Mathias Malzieu. Une écriture toujours aussi pleine d'associations poétiques et qui fait cette fois la part belle à la romantique ville de Paris : sa Tour Eiffel étincelante, ses quais de Seine joyeux et ses parapluies multicolores.

Il pleuvait en plein soleil sur Paris, ce 3 juin 2016. La Tour Eiffel se laissait pousser les arcs-en-ciel. [...] Sur les berges des roseraies de parapluies fleurissaient en accéléré.

Une sirène à Paris

Elle leva péniblement sa nageoire qui flottait au-dessus de la baignoire tel l'étendard d'une contrée magique. Au moindre mouvement, son visage se crispait de douleur. Le sang bleu perlait le long de ses écailles.

La plume du parolier est envoûtante, à l'instar du chant de la sirène qu'il met ici en scène / Seine ! En juin 2016, la décrue du fleuve laisse apparaître une sirène blessée. Un homme, Gaspard, va la ramener chez lui afin de la soigner dans sa baignoire. On sait bien pourtant qu'à tout homme séduit par une sirène est promis une mort inéluctable... 

Le jour entra dans la nuit telle une goutte de lait dans un café noir.

L'imagination fantasque de Mathias Malzieu est globalement toujours aussi plaisante. Ce nouveau conte pour adultes nous fait rire et pleurer tout en nous promenant sur les rives magiques de l'imaginaire enfantin. Cette pourtant bien une histoire de grandes personnes : elle nous parle d'amour, de réticences, de résistance à la morosité et aux injonctions et de confiance. Je regrette toutefois la mise en scène qu'il fait de lui-même. Le personnage principal, Gaspard, est sans ambiguïté le double de papier de Mathias. Cela a toujours été plus ou moins le cas dans chacun de ses romans mais ici c'est trop flagrant, sans nuances et sans réelle justification. Je reste donc sur le sentiment d'un univers séduisant mais un peu moins riche et prometteur que les fois précédentes à cause de cet égocentrisme qui pourrait finir par le faire tourner en rond... et le lecteur avec lui. Cela déteint sur sa capacité à se renouveler littérairement. J'ai trouvé redondant certains mots, expressions ou situations qui font inexorablement partie du registre de langue de l'auteur : flocon de neige, porcelaine, skateboard, le côté femme fatale d'une fumeuse de cigarette... En outre, j'ai tiqué sur un jeu de mots d'une légère vulgarité : "Sa bouille à fossettes et son boule à facettes lui donnaient un côté princesse disco." (p. 74).

Lula observait ses moindres gestes, troublée par l'enthousiasme de Gaspard. On aurait dit un jeune papa préparant son premier sapin de Noël.

Mathias Malzieu imagine une histoire qui fait étrangement écho au drame de Guillermo del Toro : La forme de l'eau. C'est d'ailleurs sur grand écran, sous les traits de Clémence Poésy, que sa sirène Lula fera bientôt entendre sa voix. Un album éponyme du groupe Dionysos sera également disponible. Une découverte artistique à mener sur différents supports, qu'on soit un inconditionnel de l'auteur ou non.

La nuit tombait sur Paris. Les peintres du crépuscule avaient fait du bon boulot : les ocres explosaient sur les quais humides, les nuages éventrés saignaient le long du fleuve. L'un deux, accroché aux aiguilles des horloges du quai d'Orsay, s'effilochait comme une pelote de laine.

Rédigé par Nota Bene

Publié dans #Je lis

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Publié le 24 Juin 2019

Comme un lundi (carnet de bord assis tout au bord du temps)

Je regarde les photos sur les murs en buvant à petites gorgées ma vielle compagne la solitude au fond du bol de café. On a avancé. On a pris des coups. On s'en est donné. On sait bien à présent que personne ne s'aime jamais comme il faudrait. Qu'à chaque instant on doit se retrouver. Le jour est bien levé maintenant, sa bataille habituelle commence. J'entends à la radio qu'on vieillit plus vite dans l'espace. OK mais à condition d'y être ensemble. Vieillir, c'est savoir que ça vaut le coup d'essayer.

 

C'est avec un retour sur ma lecture de la prose poétique de Thomas Vinau que je pose à nouveaux quelques mots par ici. Ce sont ses mots à lui qui m'ont permis de reposer progressivement mes yeux sur les lignes d'un livre après une période passée dans ma bulle, à couver une rencontre qui allait me bouleverser. Pendant ma grossesse, j'ai ressenti le besoin de me couper du monde : professionnel, médiatique, littéraire. Au cours du mois de février, j'ai vécu la plus belle et intense nuit de ma vie en mettant au monde ma petite fille. Quelques temps après, j'ai tout doucement ouvert Comme un lundi qui m'attendait sur une étagère depuis plusieurs mois. Comme une remise en route. Comme une nouvelle étape du reste de ma vie.

 

Donnez-moi ce que vous voulez et ce que vous ne voulez plus. Donnez-moi ce que vous pouvez et ce dont vous ne pouvez plus. Donnez-moi ce qui vous encombre. Une datte, un doute, un sourire. Du brouillard, une question, une épine. Donnez-moi ce qu'il vous reste. Je le prendrai.

 

J'ai eu envie de rejoindre Thomas dans son jardin tour à tour baigné de soleil et de pluie. Ou dans sa cuisine au petit matin avec une tasse de thé fumante entre les mains et la lueur de l'aube pointant à travers les carreaux. J'ai eu envie de discuter des nuages, du beau temps, des insectes du jardin, des enfants, de la vie et de la mort. J'ai eu envie de me recentrer avec lui sur l'essentiel. D'éloigner les journées moroses, pleine d'une routine amère. D'éloigner les nuits fades ou pesantes. J'ai eu le cœur illuminé de sagesse, de bonheurs simples et de moments suspendus.

 

Il en faut du talent pour ne pas se rater, pour ne pas s'effacer et pour ne pas se perdre. Même tout près. Surtout tout près. Dans les sentiers merdeux des matins de semaine, des soirs qui vont trop vite, des nuits qui sont trop courtes. Dans cette forêt à peine profonde, cette aventure sans âpreté, sans ours, sans indiens, au territoire cannibale du quotidien. Parfois les ruades nous sauvent.

Aux enfants on dit fais ça comme un grand. Disons-nous la même chose à chaque instant.

 

De la trivialité Thomas fait affleurer une sensible poésie, sachant regarder et consigner ce qui se joue dans les interstices du quotidien : le sourire d'un enfant, les fleurs bleues de la robe de sa compagne, le chuchotement du vent sous les arbres, l'odeur du tilleul, le froid de la pierre du perron sous ses fesses, le pouvoir de consoler un bébé, la lumière du jour sur l'herbe du jardin...

 

Je voudrais juste en garder quelque chose. Quelque chose de vivant. Autre chose que la conscience que j'en ai. Autre chose que la peur de le perdre. C'est la raison pour laquelle j'écris ces mots. Ce n'est pas de la littérature. C'est de l'amour. J'écris comme on ferme les yeux en embrassant quelqu'un.

 

 

Un livre dans lequel piocher au hasard des pages de quoi s'appliquer du baume au cœur.